KILOMETRE ZERO
Une épopée ferroviare

En 1836, Salomé fait la classe aux enfants d’ouvriers travaillant dans la grande manufacture de textile de son père, Nicolas Koechlin. Cette dernière apporte une grande attention à ses élèves dont certains comme Doomi et Fink qui travaillent également pour l’usine. Sa mère et son frère Ferdinand qui se prépare à se marier œuvrent également à la bonne marche de l’entreprise. Salomé s’adonne aussi à l’écriture d’articles destinés à la gazette locale L’Industriel alsacien et dénonçant les conditions de travail des ouvriers. Toutefois, son père a des projets pour elle. Ce dernier souhaite la marier à son cousin par intérêt, ce qui n’est certainement pas pour lui plaire. Mais Nicolas a d’autres intentions beaucoup plus ambitieuses auxquelles il a décidé d’associer ses enfants Ferdinand et Léonard. En effet, il désire abandonner le textile à son premier fils et se consacrer, pour donner un autre visage à son Alsace natale, à quelque chose inédit, à savoir la création d’une ligne de chemin de fer entre Mulhouse et Than. Le pari est risqué et se doit de passer par la Commission de la Société Industrielle de Mulhouse (SIM). Autant dire que ce projet est vital pour le développement du territoire alsacien et que pour cela, il doit recevoir l’adhésion de tous, surtout que Nicolas Koelchin est prêt à faire encore plus.

Par phibes, le 3 mai 2020

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Notre avis sur KILOMETRE ZERO #1 – Une épopée ferroviare

Sous le label Grand Angle, l’éditeur Bamboo met en lumière la nouvelle épopée de Stéphane Piatzszek qui, en tant qu’enfant du pays mulhousien, s’est attaché à relater un pan de l’histoire de la famille Koechlin, fortement reconnue pour avoir participé au développement économique de la région vosgienne.

Le récit qui doit se décomposer en trois volumes se veut donc historique et vient se concentrer sur la création de la troisième ligne de chemin de fer française reliant Mulhouse à Thann, la grande œuvre de Nicolas Koechlin. Nous sommes en 1836, Mulhouse est en plein essor grâce à ses manufactures de textile qui fleurissent en son sein reconnues nationalement et même internationalement.

C’est ainsi que nous faisons la connaissance de cette grande famille en commençant par la fille Salomé, suivie par la mère et les frères de cette dernière, Ferdinand et Léo. Nicolas Koechlin vient clore la marche pour aboutir sur son fameux projet ferroviaire. Au travers de cette première partie, Stéphane Piatzszek prend tout son temps de bien camper le cadre mulhousien des années 1830 en s’attachant tout d’abord à évoquer les prémices de la révolution industrielle, le dur milieu ouvrier via les péripéties liées à Doomi et Fink, à nous faire découvrir le centre névralgique d’une manufacture (la fameuse demoiselle), pour ensuite dresser le rôle de la famille Koechlin et lancer l’épopée dont il est question.

Cette restitution historique se veut pour le moins cohérente et assurément digne d’intérêt. Délaissant habilement le côté documentaire trop pesant, elle a l’avantage de se transformer progressivement en une saga familiale chapeautée par le visionnaire Nicolas Koechlin. Bien que le climat social décrit est ici assez difficile eu égard aux conditions de travail et de rémunération (voir les analyses de Salomé), on se laissera gagner par cette euphorie provoquée par les aspirations visionnaires de la famille Koechlin prête à se remettre en cause (non sans mal pour Léonard) pour partir sur de nouvelles bases.

Côté graphique, Florent Bossard nous assure d’une participation pour le moins subtile. Se voulant réaliste dans l’évocation de cette fresque, il fait en sorte de rester plutôt sobre et sombre dans son trait malgré les nombreux de coups de crayon à certains moments. Il en ressort une bien belle composition picturale, fidèle à l’époque traitée dans ses volutes de révolution industrielle et à ses personnages, illustres ou pas.

Un tome d’ouverture d’une épopée ferroviaire qui s’engage réellement bien !

Par Phibes, le 3 mai 2020

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