Killing Time

Gvorgi Owens a été reconnu coupable de nombreux meurtres et condamné, de fait, à la perpétuité. Surnommé « le tueur des hôpitaux », cet ancien infirmier reçoit la visite de la journaliste Isabelle Bauffays qui, après accord de l’inspecteur Sam Justice, souhaite faire un papier sur son parcours ténébreux et sur la version des faits qu’il défend. Le condamné s’exécute de bonne grâce et égraine ses sinistres forfaits qui ont débuté juste au lendemain des attentats de New York en 2001. Ce jour là, il tire sur une personne coincée dans les décombres. Quelques mois plus tard, à l’hôpital, il rencontre un patient dont il abrège radicalement les souffrances et renouvelle son geste quelque trente deux fois dans des circonstances similaires. Est-ce qu’Owens aurait obéi, à travers ses crimes, à des intentions autres que purement immorales ?

Par phibes, le 7 octobre 2013

Publicité

Notre avis sur Killing Time

Créateur du diptyque historique émouvant intitulé A l’ombre du Convoi paru chez Casterman, Kid Toussaint revient sur les étalages pour nous présenter son dernier ouvrage, Killing Time. Publié sous le couvert de la maison Ankama, ce dernier intègre la collection Hostile Holster, collection très fertile en récits pour le moins sombres et oppressants, crachant sang et dépravation.

Il ne fait aucun doute que ce one-shot, de par sa teneur inquiétante, a toute sa place dans le catalogue. En effet, réservé à un public averti, il vient nous conter l’histoire d’un tueur en série, Gyorgi Owens dont la particularité est d’euthanasier des personnes atteintes de maladies incurables. Si ce modus operandi soulève inévitablement la lourde controverse eu égard à cette pratique, il n’en demeure pas moins que les aveux dont on va être témoins, glanés par la journaliste et également par les enquêtes policières, vont nous orienter vers une toute autre réalité, violente et dépravante.

Pour cela, Kid Toussaint a structuré son thriller d’une manière très éclatée, passant très rapidement d’une tranche de vie à une autre, d’une époque à une autre dans une chronologie aléatoire, de personnages à d’autres. Aussi, afin de ne pas se perdre, le lecteur se doit de bien s’accrocher à tout cet enchevêtrement qui, on le verra progressivement, porte une intrigue commune dont les aboutissements ont pour but de susciter la surprise. De fait, malgré une évocation saccadée, rythmée à la hache, on se laisse tout de même prendre au jeu pour le moins sombre et sournois des personnages en découvrant leur caractère et leurs véritables desseins.

La partie graphique est confiée à Chris Evenhuis, dessinateur qui se veut un fidèle du scénariste puisqu’ils ont en commun des titres comme Snooze, Notorius Circus. L’on sent que cet artiste est surtout très à l’aise dans la façon de plomber les ambiances via des aplats de noirs très prononcés et de travailler dans des proportions réalistes assez prenantes.

Un thriller sombre à souhait et entreprenant, qui se veut bien saccadé et qui a le don de se jouer avec habileté des apparences.

Par Phibes, le 7 octobre 2013

Publicité