KILILANA SONG
1/2

Naïm cavale dans les rues de Lamu, son frère Hassan à ses trousses, il n’a pas envie d’aller apprendre ses leçons à la madrass, d’y recevoir des coups de bâton, de rester planté là toute la journée, alors qu’en fait ce qu’il aime c’est ces errances dans les rues, aller voir ses amis, rencontrer des gens, chaparder par-ci par-là.
La nuit précédente, au large des eaux kenyanes, un navire en panne se fait "attraper" par les gardes côtes, allez suivez-nous, pas le droit de stationner, d’accord ! Et il y a ce trafic de Haschisch dans les cales, 70000 $ pour être tranquille… La galère !
Et pendant ce temps là, pas très loin, sur l’Ile de Kililana un vieil homme vit seul, il s’occupe d’un vieil arbre et il va bientôt falloir qu’il dégage… C’est la loi de l’immobilier vous savez… Oui oui, les vieilles croyances, un géant enterré sous l’arbre, vous veillez sur la tradition… Vous devez vite partir, oui !

Par fredgri, le 16 février 2012

Publicité

Notre avis sur KILILANA SONG #1 – 1/2

Pendant les 3/4 de l’album, je me suis laissé entraîner par le bout du nez sans vraiment m’attarder, plus que ça, sur le fond de l’histoire, autrement qu’en suivant les pérégrinations du petit Naïm à travers les rues de la ville. Certes, les éléments se croisent à un moment donné, on y devine des histoires de trafic des uns et des autres, on y parle de ce vieil homme sur son île, de ces touristes ou encore de ces blancs de passages…
Mais, profondément, Benjamin Flao parle du Kenya, de ces rues, de ceux qui y vivent, de ce mélange entre croyance, traditions, modernité, il y parle de cette lueur dans les yeux de ce gamin débrouillard qui écoute ce que les grands ont à lui raconter… Les chemins s’entrelacent très adroitement, donnant l’impression que le monde est bien petit, alors qu’en fait se dessine très vite son incroyable diversité !

Alors oui, bien sur, il y a bien plus dans ce premier volet qu’une succession de scènes de rue. On y parle de promoteurs étrangers qui souhaitent racheter du terrain pour faire construire leurs hôtels, ne s’intéressant en fin de compte que très peu à toutes ces vieilles traditions. Puis il y a Jahid qui traficote dans son coin, qui transbahute des mystérieux paquets, prend des rendez-vous sur une île et qui finit par se faire voler son bateau, mince !

Dans le fond le Kenya n’est pas forcément si différent qu’ici ou ailleurs, c’est juste que derrière ces petites intrigues qui se développent tranquillement se profile le relief d’un pays qui perd petit à petit son identité ancestrale, comme bien d’autres, avalé progressivement par ces contingences économiques, allant peut-être même jusqu’à "gagner" un vernis plus uniforme ou aiment se pavaner les touristes en mal de dépense !

En attendant, Benjamin Flao réussit aussi à rendre un brillant hommage à ces rues, ces couleurs, ces ambiances, à fort renfort de grandes cases larges qui respirent profondément, relevées juste par quelques touches d’aquarelles magnifiquement posées.
Parce qu’autant vous le dire, bien au delà du récit en lui même cet album est un véritable régal pour les yeux. Le dessin est vif, spontané, magnifique, et la couleur transcende le tout avec intelligence. On est vite gagné par la nonchalance qui règne sur ces planches, à respirer cet air, cette chaleur ou même écouter ces voix dans la rue.
L’auteur nous emmène en visite, il traîne à nos côtés ses pieds, glisse sur une chaise à l’ombre d’une véranda, sirote un verre et, ensemble, nous regardons une nouvelle fois passer Naïm poursuivi par Hassan ! Les filles sont belles, il est tard, des silhouettes se faufilent d’une ruelle à l’autre… Mais le vent se lève, le deuxième tome s’annonce plus mouvementé, nous allons patienter…

Je vous avais prévenu, un régal d’un bout à l’autre…

Par FredGri, le 16 février 2012

Publicité