Kid Eternity

(Kid Eternity 1 à 3)
Jerry est comédien, il se retrouve un soir à une soirée branchée, à New York et par hasard, pendant une partie de scrabble, il prononce le mot "Éternité", un mot qu’ils sont plusieurs à prononcer en même temps d’ailleurs, une sorte d’étrange incantation qui ramène un certain Kid Eternity prisonnier des Enfers depuis près de trente ans. Mais ce Kid est lui-même poursuivi par des créatures appelées "Schichirirons" qui tuent tous ceux qui croisent leur route. Kid Eternity se glisse alors dans la tête de Jerry et ils parviennent ainsi à s’échapper. Mais pour réellement s’en sortir Kid va demander à Jerry de l’accompagner en Enfer pour libérer son ami Monsieur Gardien…

Par fredgri, le 20 janvier 2016

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Notre avis sur Kid Eternity

1991, c’est l’émergence du label Vertigo et de toute une catégorie d’auteurs anglais extrêmement inspirés, souhaitant proposer des projets résolument plus "adultes", dans le créneau ouvert par Moore ou Miller auparavant. Alors jeune scénariste Grant Morrison se voit donc confier les rênes de la mini-série Kid Eternity, qui raconte le retour d’un vieux personnage du catalogue Quality comics jadis racheté par DC, mais assez peu exploité, pour finalement tomber dans l’oubli depuis trente ans…

Bien marqué par l’air du temps, ce révisionnisme très sombre et violent, Morrison remodèle le personnage en lui rajoutant un background teinté de magie cabalistique, ainsi que des origines plus radicales. Mais, déjà à cette époque, le scénariste avait une façon bien à lui d’écrire ses histoires, n’hésitant pas à expérimenter, jouer sur les croisements de récits, à tel point que ça peut en effet parfois apparaître quelque peu hermétique, d’autant que Morrison ne s’empêtre pas à donner tout les éléments nécessaires pour mieux appréhender son histoire. Du coup, la première moitié est vraiment difficile d’accès. J’ai pour ma part du insister pour continuer la lecture, tant j’avais parfois le sentiment que ça partait dans tout les sens, que le scénariste rajoutait volontairement des tonnes d’éléments périphériques qui n’apportent rien à l’intrigue elle même et qui sont davantage là pour poser ! Du coup, oui il faut s’accrocher. Les récits se mélangent les uns aux autres, parfois même avec des époques différentes. Il faut dire que le graphisme très poussé de Fegredo y est pour beaucoup aussi…

L’artiste est alors au début de sa carrière, il expérimente avec enthousiasme et visiblement a énormément regardé les Black Orchid de Gaiman et McKean (comme Morrison d’ailleurs). Certaines pages semblant même être carrément calquées ou très fortement inspirées par le travail sur BO. Le découpage y est autant éclaté, les styles se mélangent, tendant même dans certains cas vers Sienkiewicz et sa touche "hystérique". Le résultat est fascinant, et encore plus quand on voit vers quelle approche, plus contrastée, plus "noir et blanc", s’est ensuite dirigé Fegredo, laissant derrière lui ses idées formalistes en couleur !

Ainsi, le premier contact que l’on a avec cet album est graphique, on découvre le travail de Fegredo, on est complètement éblouit, mais on se rend vite compte que le découpage de Morrison s’enthousiasme un peu trop excessivement. Du coup, il s’opère devant nous une étrange entité difficile d’appréhender au premier abord, mais qui gagne à être domestiquée et appréciée lentement !
Je ne sais pas si au final le personnage de Kid Eternity gagne en charisme, s’il donne même simplement envie d’être recroisé (la série qui suivra par Ann Nocenti nous montre bien que ce ne fut pas forcément le cas !), toujours est-il que cette mini série mérite tout de même de s’y pencher… !

Par FredGri, le 20 janvier 2016

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