KEN GAMES
Louviers

Rien ne va plus dans le couple formé par Anne et Bruno alias Ciseaux et Louviers. Certes, ils sont tous les deux tueurs professionnels, ce qui en soi n’est pas pour rendre leurs journées joyeuses mais en plus, leur liaison tendue n’est pas pour arranger les choses. Aussi, devant le mutisme de son compagnon, la jeune femme décide de mettre un terme à leur relation en claquant la porte. Cela suffit à Louviers pour s’engager dans une nouvelle mission à l’étranger, non sans avoir, au préalable, fait sauter l’appartement dans lequel se trouvait Anne. Ayant atteint sa destination où la guerre fait rage, Louviers se doit, sous une étiquette journalistique, de trouver celui qui se fait appeler La Hyène et qui est responsable du conflit, et de le mettre hors d’état de nuire. Pour cela, il se fait épauler par un jeune autochtone qui a la particularité d’être muet et aussi de bien connaître les lieux. Ensemble, ils vont être confrontés à l’horreur de la guerre qui ne va pas manquer, chez Louviers, de réveiller de nombreux souvenirs au centre desquels se trouve Anne.

Par phibes, le 3 avril 2014

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur KEN GAMES #0 – Louviers

Après avoir clôturé de manière éclatante leur polar en trois parties alimenté de faux-semblant Ken Games, les deux artistes espagnols Marcial Toledano et José Robledo se retrouvent avec l’intention de développer un point pour le moins obscur de leur histoire. En effet, à l’issue du premier tome dédié au boxeur matheux Pierre, l’on découvrait que la doucereuse Anne était en fait une tueuse à gage et qu’elle avait un passé commun avec un autre tueur Louviers. Cette assertion rapide, lourde de faits susurrés, se révélait de fait, pour les deux auteurs, suffisante pour être développée et ainsi donner lieu à cet album qui, en quelque sorte, initie l’aventure.

Ce tome 0 vient donc lever le voile sur la relation des deux personnages, relation ô combien explosive et pour le moins entêtante. José Robledo s’attache tout particulièrement sur la personnalité de Bruno/Louviers, tueur ombrageux en proie à des interrogations en rapport avec son ancienne concubine Anne et son parcours personnel. C’est donc au travers d’une mission sans appel et bien rythmée que ce dernier est appelé à se livrer ouvertement et en parallèle, à dévoiler un pan de l’histoire de son ex-partenaire. Passé et présent se côtoient donc avec force, dans des évènements imparables que le scénariste enchaîne dans une virtuosité remarquable. Il ne fait aucun doute que le récit s’appuie pleinement sur une certaine horreur, celle de la guerre générant des actes insensés comme l’utilisation abusive des images par la presse ou l’intervention d’assassins patentés pour orienter le conflit, ou celle d’une jeunesse abusée. A cet égard, l’amertume est de rigueur et se veut habilement entretenue par des faits émotionnellement rebondissants, superbement mis en œuvre et par des seconds rôles des plus constructifs.

La quête de Louviers se voit mise en image par un Marcial Toledano on ne peut plus édifiant. Son trait qui a beaucoup évolué depuis le premier tome (Pierre) fait état d’un réalisme particulièrement concluant. Grâce à un encrage et une colorisation avertis, l’artiste campe des atmosphères réellement plombantes qui siéent indubitablement à l’histoire. Usant de scènes choc, matérialisant des personnages très expressifs, s’appuyant sur des décors déliquescents, le dessinateur joue parfaitement son rôle en éveillant toute sorte d’émotions.

Un album assurément sombre et pleinement réussi qui trouve indéniablement sa place dans cette saga à lire de toute urgence. Bravo Messieurs pour votre talent, continuez à nous faire vibrer !

Par Phibes, le 3 avril 2014

Publicité