Le livre du vent

En l’an 1649, dans la province de Yamato (Japon). Un homme dérobe, au cœur du temple du clan Yagyû, un manuscrit inestimable, « Les Chroniques Secrètes des Yagyû ». Munenori, chef du clan, maître d’armes du shôgun, demande à ses fils de tout faire pour retrouver le livre. Ce qu’il contient pourrait causer la perte du shôgunat. Pour les Yagyû, il ne fait aucun doute que c’est l’empereur (le Mikado) retiré, Gominoo, qui est le commanditaire du vol. Il espère ainsi instaurer son autorité unique sur le Japon.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Le livre du vent

Le grand dessinateur Taniguchi s’est associé à Kan Furuyama pour proposer un livre mêlant action et Histoire. L’introduction se déroule en 1899 dans la maison de Katsu Kaishû, l’homme qui négocia la capitulation d’Edo sans la moindre effusion de sang. L’homme raconte alors à ses invités cet épisode historique que fut le vol des Chroniques Secrètes des Yagyû pour les mettre en parallèle avec des événements politiques récents au Japon.

Nous voici donc rapidement plongés en 1649, au début de l’époque d’Edo. Le fameux maître d’armes, au service du pouvoir, n’était pas simplement à la tête d’une des plus grandes écoles d’arts martiaux, mais aussi le patron d’un vaste réseau d’espionnage au service du shôgunat.

Tout le livre est donc axé autour de la tentative de prise de pouvoir par le Mikado et de la lutte menée par Yagyû Jûbei, escrimeur de génie, pour déjouer ce complot. Nous partons ainsi sur les chemins d’un Japon en plein doute et au bord de la guerre civile.

Le rythme est assez efficace car le récit mêle habilement l’intrigue politique et l’action. Les scènes de luttes dessinées par Taniguchi sont splendides et mettent vraiment en valeur l’art du sabre.

Les passionnés de mangas seront ainsi ravis du souci du détail promulgué par les deux auteurs. Il faut toutefois admettre que, pour un Européen, le scénario est assez complexe. Il repose en effet sur un contexte historique peu connu des occidentaux. Du coup, le lecteur non averti est vite perdu devant toutes les références citées par Furuyama et le risque de décrochage est bien réel. Cela peut s’avérer être un inconvénient pour les non initiés qui cherchent avant tout la distraction. Mais les passionnés du Japon y trouveront, par contre, un motif de satisfaction supplémentaire, celui de plonger dans un scénario très fouillé.
Il faut toutefois prendre l’histoire de Jûbei avec le recul qui s’impose. Les références historiques développées par les auteurs en fin de livre démontrent, par exemple, quelques décalages entre la réalité des faits et le manga. Cela s’explique aisément puisque Jûbei devint une vraie légende au Japon et que, comme toute légende, il est soumis à des réalités historiques autant qu’à des faits imaginés de toute pièce au fil des siècles.

Il est aussi intéressant de voir quel impact pourra avoir le bouleversement politique tant redouté par les Yagyû quelques siècles plus tard.

Un livre qui plaira aux amoureux de l’histoire japonaise mais qui se laissera difficilement apprivoiser par les lecteurs moins férus de documentation.

Par Legoffe, le 15 février 2009

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