Kariba

A bord de leur pirogue, Rock et Tongaï remontent le cours du fleuve Zambèze dans l’espoir de trouver Rhutapa, le royaume caché où se terrent de nombreuses richesses selon les indications des Anciens. Après avoir franchi des chutes menaçantes, les deux hommes atteignent un territoire intérieur dans lequel ils découvrent une petite fille. Onze ans plus tard, cette dernière qui se prénomme Siku a été adoptée par Tongaï et vit heureusement, entre études et longues plongées dans le fleuve. Un jour, elle tombe sur un homme blessé qui s’avère être un chasseur d’ivoire. C’est lors de l’assaut d’un éléphant qu’elle démontre ses étonnantes aptitudes en communion avec le fleuve. Lorsqu’elle utilise son pouvoir, Siku a des visions concernant l’immersion totale du village due au barrage construit en aval. Souhaitant en savoir sur ces visions, Tongaï décide de consulter le sorcier Maalila. Celui-ci l’informe qu’il doit abandonner Siku à sa destinée en la préparant conformément à la tradition ancestrale au Rumuko pour la renaissance de Nyaminyami, le dieu serpent du fleuve et la préservation de la vallée. Pour Tongaï, cette malédiction est inacceptable. Il doit donc aller au barrage pour y remédier.

Par phibes, le 21 décembre 2020

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Notre avis sur Kariba

Comme indiqué sur le quatrième de couverture de cet album, Daniel et James Clarke sont deux auteurs, l’un scénariste, l’autre dessinateur, originaires d’Afrique du Sud qui se voient pour la première fois, grâce à la maison Glénat, publiés en France. Cette initiative éditoriale est de ce fait louable par le fait qu’elle a l’avantage de nous livrer un récit complet qui se nourrit des traditions séculaires de ce pays tout en y introduisant une touche environnementale bien intéressante.

Prenant pour base historique la construction du barrage de Kariba (sans le vouloir pour autant), les auteurs associés à leur confrère Daniel Saddon, nous entraînent dans des péripéties qui ont pour personnage central la jeune Siku, dont la destinée a été prophétisée pour la sauvegarde du peuple Tonga. Cette dernière est appelée à suivre un parcours qui se veut tracé d’avance mais qui va subir moult retournements dus à l’intervention de son père adoptif mais également d’autres protagonistes aux desseins très contrastés.

Il ne fait aucun doute que cette histoire, destinée au préalable à un jeune lectorat, bénéficie assurément d’un pouvoir attractif inéluctable. Malgré quelques petites longueurs et transitions pas très aisées, l’on ne manquera pas de suivre la jeune Siku, prise en étau entre ses racines ancestrales (que lui rappelle souvent le sorcier Maalila) et le monde moderne. Les auteurs trouvent la sensibilité portée la jeune héroïne qui sied à cette histoire, tout en distillant drame et humour, espoir et déception, certitude et interrogation dans un ensemble qui se veut harmonieux et émotionnellement prenant.

La part graphique assurée par James Clarke se veut des plus agréables à découvrir. On perçoit de la générosité dans son dessin, tendant à instiller une humanité qui fait mouche. Ce dernier parvient avec subtilité à brasser le fantastique avec le réel, dans des mises en images qui se veulent bien entreprenantes. Sur près de 230 planches, l’artiste démontre, au niveau des paysages, des personnages (Siku et Amedeo sont très attachants) et des couleurs, une bien belle recherche que l’on pourra apprécier d’ailleurs encore mieux dans le bonus en fin d’album.

Une bien belle histoire sud-africaine qui a l’avantage de mêler habilement les légendes ancestrales au monde moderne dans une fiction emplie de bonnes intentions. A découvrir donc !

Par Phibes, le 21 décembre 2020

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