Kamasultra

Le Kamasultra selon Benito Jacovitti. D’Adam et Eve aux sextoys et attrapes, en passant par la théorie du genre, les couples à géométrie variable et quelques réjouissantes bestialités, le sexe est joyeux, acrobatique et parfois même complètement absurde, mais toujours teinté d’humour…

Par fredgri, le 2 juin 2017

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Notre avis sur Kamasultra

En 1977, Benito Jacovitti et Marcello Marchesi proposent pour le mensuel italien Playmen, leur version du Kâma Sutra, dans un enchainement de tableaux délirants et joyeux, accompagnés de textes plus ou moins anecdotiques !
Les hommes et les femmes qui sont présentés s’amusent, se bousculent, s’ébattent, il jouent avec la forme des seins, des pénis, les tirent, les malaxent, font des nœuds, se les échangent… On rigole en parcourant ces superbes illustrations très fraîches et débordantes de vie, on se perd dans une mise en page audacieuse, dans une composition inspirée… Et finalement on perd peut-être de vu qu’il peut être aussi question ici de sexe.

Ce Kamasultra c’est la célébration d’un sexe décomplexé qui ne se regarde plus le nombril, qui s’assume dans sa douce étrangeté. On sent tout de même que progressivement se glissent des petites idées sur la hiérarchisation, sur le rapport entre la femme et l’homme, sur les genres, sans en devenir pour autant sentencieux ni théorique. Ici il est surtout question de s’amuser et éventuellement de réfléchir.
Mais le sexe en lui même se désacralise, il devient tube qu’on étire, il devient boules qui tombent, rebondissent, se gonflent, il devient acrobatique et loufoque, il se transforme en vignette isolée qu’on admire, qu’on peut à la limite passer à son voisin, avec le sourire en prime.
Petit à petit, Jacovitti se moque aussi de cette conception coincé et rigide de la sexualité, de ce sérieux qui envahit l’érotisme à papa. Dans ces pages, on ne se murmure rien à l’oreille en rougissant, on libère la forme, les couleurs explosent et on regarde se déverser devant nous toute la personnalité hors du commun d’un artiste décapant, qui ne se prend pas la tête !

En contre partie, les textes revisités de Marcello Marchesi restent anecdotiques. Je ne suis pas fan des réécritures modernes ou il est fait mention de Marine LePen, de Sarkozy etc. Ça n’a, à mes yeux, rien à voir dans ce genre d’ouvrage qui se veut justement en rupture avec le monde qui nous entoure. Dommage, donc !

Il n’en reste pas moins que c’est un album absolument incroyable, avec un graphisme sublime d’un bout à l’autre.
Il n’est peut-être pas à mettre entre toutes les mains, néanmoins il est très vivement recommandé de s’y pencher !

Par FredGri, le 2 juin 2017

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