Judee Sill

En 1973, au Royal Albert Hall, à Londres, Judee Sill vient de terminer de chanter ses morceaux, en première partie des Three Dog Night. Elle salue le public, le remercie pour ses applaudissements, et évoque brièvement sa vie et les épreuves qu’elle a traversée en demandant d’acheter son second album… Mais elle ne s’arrête pas là, elle profite de son intervention pour insulter le groupe qui suit et son producteur qui ne fait pas assez bien son travail… Elle vient de condamner sa carrière, plus personne ne va plus entendre parler d’elle, à part une interview ou elle enfonce encore plus le clou… Qui est cette chanteuse aujourd’hui oubliée ? D’où vient-elle ? Se servant des quelques documents épars que l’on peut trouver, Juan Diaz Canales et Jesus Alonso Iglesias remontent le temps pour nous et rendent hommage à cette troublante artiste…

Par fredgri, le 17 avril 2023

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Notre avis sur Judee Sill

Si l’on gratte un peu le vernis de l’Histoire de la musique, on tombe rapidement sur une flopée d’artistes aujourd’hui oubliés, qui ont pourtant produit des œuvres de qualité, mais qui n’ont malheureusement pas rencontré le succès escompté. De quoi est-ce venu ? D’un mauvais accompagnement de leur producteur/agent ? D’un rendez-vous manqué avec le public ? Ou tout simplement, comme ce fut peut-être le cas avec Judee Sill, d’un caractère incompatible, malgré une sensibilité à fleur de peau qui pouvait lui ouvrir les portes du succès… Qui sait !

Un jour, alerté par sa propriétaire, la police vient défoncer sa porte et découvre le corps de la chanteuse, victime d’une ultime overdose, seule dans son appartement, gisant là depuis quelques jours…

La première chose à faire avant d’attaquer cet album, c’est peut-être encore d’aller écouter quelques morceaux, s’immerger dans cette voix et ses accords assez simples, mais plein de charme. Cette immersion permet de prendre un peu de recul sur l’histoire qui nous ensuite racontée, sur cette plongée dans la débauche, l’alcool, la drogue, la violence, voire même la prostitution.
Toutefois, les auteurs n’abordent pas les faits chronologiquement, ils dépeignent ce parcours dans une sorte de mosaïque ou l’on passe de l’enfance de Judee à l’âge adulte en passant par la découverte de son corps et les années qui ont suivi. Malgré tout, cette narration fragmentée permet d’amener une cohérence globale, de ne pas entrer non plus dans les détails, en gardant l’essentiel, même si en contre partie, le lien avec la jeune femme est très mince. On ne la comprend pas complètement, on saisit, par quelques allusions, qu’elle a vécu des choses terribles, avec son beau-père, avec des amis croisés deçi delà, qu’elle a fait de la prison etc.
Peut-être justement que ce flou général entretient cette impression de ne pas complètement entrer dans l’histoire, de la survoler, qu’au-delà des images, il y avait une chanteuse avec un potentiel fou, qui avait néanmoins du mal à gérer ses démons. On a aussi le sentiment de sauter du coq à l’âne, d’une personnalité à l’autre, de passer outre des moments qui auraient peut-être été intéressants de traiter, comme la rencontre avec Graham Nash et David Crosby, par exemple… Ou simplement de mieux ressentir cette sensibilté qui transparait dans ses chansons. On assiste davantage à sa déchéances, ses travers, traversés par quelques moments plus sereins, mais rares.

Malgré tout, on reste éblouit par la prestation graphique de Jesus Alonso Iglesias, la vivacité de son trait, l’énergie de son encrage et de ses couleurs et cette façon si personnelle de retranscrire le chant. Une magnifique démonstration de cet artiste qui explose littéralement dans ce très bel album !

Je vous conseille cette lecture qui nous permet de redécouvrir une chanteuse complètement oubliée, mais surtout d’en avoir plein les yeux (avant de se faire plaisir avec les très beaux morceaux).

Par FredGri, le 17 avril 2023

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