JOURNALISTE
Tome 1

Mineo Mutsu est journaliste pour un quotidien national, le Maiasa. Doté d’un flair particulièrement développé pour débusquer les affaires louches, il est aussi un incorruptible qui n’hésite pas à risquer sa carrière pour dénoncer certains faits. Autant dire que cela ne plait pas toujours à ses patrons dans un pays où les médias japonais ont la réputation d’être lâches voire corrompus.

Mais il prend à nouveau des risques en signant, coup sur coup, un article sur la vie de débauche du fils de son patron puis, quelques jours plus tard, sur un système de corruption touchant la police.

La hiérarchie de Mineo décide de le muter et de lui donner un poste subalterne à la rédaction de Tokyo, où travaille son ex-femme, une journaliste ambitieuse qui privilégie sa carrière avant tout.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur JOURNALISTE #1 – Tome 1

Cette nouvelle série éditée par Delcourt est prévue en deux tomes. Elle est l’œuvre de Masao Yajima qui, outre les mangas, a beaucoup écrit pour des séries télé, et d’un jeune dessinateur talentueux, Funwari. Tous deux ont décidé de s’attaquer aux médias japonais, nous en dressant un tableau peu glorieux. A lire le livre, quasiment tous les journalistes évitent les risques et préservent leur carrière en évitant de contrarier les personnes de pouvoir, celles qui justement pourraient leur créer des problèmes.

Le thème est donc intéressant, d’autant qu’il rappelle la fragilité du système, certes au Japon, mais plus généralement dans le Monde entier. La liberté de la presse, c’est la garantie d’un accès objectif et complet à l’information. Les pressions exercées sur les journalistes – et parfois leur propre autocensure – ne sont certainement pas l’apanage de la presse nippone. Ce thème revient d’ailleurs régulièrement en France, même si l’on peut espérer que nos rédactions ne soient pas dans le même état que le tableau peint par Yajima et Funwari dans ce livre.

Ce manga met donc en avant un journaliste prêt à risquer sa carrière, et à jouer souvent contre sa propre rédaction, pour dénoncer des faits graves que personne n’ose aborder. L’ensemble est divisé en plusieurs épisodes, chacun étant une enquête de Mineo. Les chapitres sont d’ailleurs baptisés « scoops ». Il y en a sept en tout.

Cela assure donc de la diversité. A l’opposé, cela signifie aussi que le traitement est assez rapide et qu’il ne permet pas d’offrir un modèle de type « thriller » avec un suspense patiemment construit. Ici, les affaires sont rapidement dénichées par le journaliste, parfois un peu trop. Difficile, en effet, d’avaler certains arguments qu’il avance pour justifier d’aller enquêter sur un fait dont la version officielle lui paraît louche. Le scénariste aurait pu élaborer des intrigues un peu plus fouillées. Les thèmes, en revanche, sont assez intéressants. Mineo va autant enquêter sur les dérives de la Sécurité Sociale, que les pressions subies par les collégiens ou des affaires policières bâclées, voire tronquées.

Les personnages sont bien développés et les auteurs ont su amener un équilibre, contrebalançant les sombres affaires par la présence parfois rafraichissante de la fille de Mineo, écolière surdouée qui aide son père dans ses enquêtes. L’idée, sans être révolutionnaire, amène un peu d’humour dans la série.

Les dessins, eux, sont réussis et rappellent notamment le style de l’auteur de Charisma, chez le même éditeur. Une ambiance similaire souffle d’ailleurs sur le livre, même s’il est moins violent que le thriller de Nishizaki.

Je dirai donc que la lecture est plutôt agréable et qu’il y a de nombreux points positifs dans ce livre. Il est toutefois dommage que les auteurs n’aient pas mieux travaillé leur intrigue, quitte à proposer une série plus longue. Ils auraient largement eu matière à le faire, d’autant qu’ils ont créé des personnages qui s’y prêtent bien. Du coup, on reste un peu sur notre faim. Je lirai toutefois la suite car les dernières pages laissent entendre qu’une grosse affaire, plus apte à établir un fil conducteur efficace, pourrait bien sortir sur la place publique. Voilà qui promet peut être un second tome plus régulier dans son déroulement, et donc plus accrocheur.

Par Legoffe, le 30 mai 2009

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