Journal d'une bipolaire

 
Camille a séjourné au Québec où elle avait un petit ami mais elle a dû rentrer en France et ses tentatives pour retourner étudier là-bas n’ont pas été couronnées de succès. Cette séparation fut un grand choc pour elle et marqua avec des examens scolaires qu’elles redoutait le début d’une grande dépression qui allait lui pourrir la vie en même temps qu’elle allait mettre ses proches face à des situations bien difficiles à accepter. A l’hôpital ou à la clinique, en foyer ou lors de petits boulots, les périodes de remise en confiance étaient malheureusement toujours suivies pour Camille par des périodes de rechute. Un jour, elle a appris qu’elle souffrait de "bipolarité", un mot plus concis pour parler de psychose maniaco-dépressive à tendance morbide…
 

Par sylvestre, le 16 août 2011

Notre avis sur Journal d’une bipolaire

 
Avec l’aide de son scénariste de père et des talents du dessinateur Sébastien Samson qui signe là sa première bande dessinée, Emilie Guillon s’est faite co-scénariste pour nous raconter sa propre histoire. Dans la bande dessinée, elle nous raconte sa maladie en ayant choisi de se faire appeler Camille, comme si ce prénom autant féminin que masculin pouvait aider les autres personnes sujettes à la bipolarité à se reconnaître dans ce qu’elle nous dévoile.

Sur le mode du journal puisque la chronologie des faits respecte leur enchaînement, Emilie nous raconte ses premières déprimes et toute les thérapies qu’elles a suivies puisqu’il a été clair qu’un accompagnement était nécessaire dès le jour où elle a lancé un signal plus fort que les autres : lorsqu’elle a été découverte par quelqu’un de sa famille alors qu’elle était en train de se pendre !

La dépression nerveuse est reconnue comme étant une maladie. La bipolarité aussi. Et c’est vraiment une bonne chose dans notre société où tout doit aller de plus en plus vite et où nombreux sont ceux qui perdent pied, espoir ou confiance… C’est d’autant plus important pour ceux qui en souffrent que les gens autour d’eux ne comprennent généralement pas ce qu’ils endurent. Les déprimes et les crises de pertes de confiance passent en effet trop facilement pour un manque de volonté, de motivation, et la tendance est de prime abord à la critique plutôt qu’à l’aide : on aimerait bien leur filer un "coup de pied au cul" et leur dire de prendre les choses en mains plutôt que de se lamenter, par exemple !

C’est d’ailleurs ce genre de réactions qu’ont eues les parents d’Emilie/Camille avant de prendre les choses plus au sérieux. Mais ça se comprend, c’est naturel. Et c’est même sain comme comportement pour des parents face à leur enfant qui leur donnerait l’impression qu’il est un tire-au-flanc ou un défaitiste, car on ne peut pas assister éternellement un jeune adulte au risque justement de ne jamais en faire un adulte !

Il est donc très intéressant d’observer tous ces mécanismes et le relationnel dans ce témoignage utile. Mais lorsqu’on arrive à la fin de la bande dessinée, on a l’impression qu’il faut comprendre aussi qu’avec cette maladie, rien n’est jamais vraiment gagné… Car Camille obtient certes un poste et réussit à s’accrocher (c’est un poste chez Disney, et c’est important de le souligner tant les méthodes de management dans cette structure en rebuteraient plus d’un !), mais à la fin de la BD, elle en ressort, victorieuse, mais n’a finalement trop rien de précis qui l’attend derrière… Alors on peut craindre que ses mauvais démons la rattrapent, et que tout ce par quoi elle est passée puisse revenir, comme un entêtant refrain dont on voudrait pourtant se débarrasser une bonne fois pour toutes…
 

Par Sylvestre, le 16 août 2011

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