Mis en dessin par Manu Larcenet

Un jour, une amie vient confier à Daniel Pennac des livrets manuscrits que son père lui aurait donné à lire avant de mourir. Dans ces textes le narrateur tient un journal intime depuis ses 13 ans jusqu’à ses 87 ans, l’âge de sa mort, le journal de son corps, de ses chairs et ses viscères, des organes, des fluides et des nerfs… Le lecteur entre dans son intimité la plus directe…

Par fredgri, le 17 avril 2013

Notre avis sur Mis en dessin par Manu Larcenet

Un an après la version de L’Étranger illustrée par José Munoz nous avons droit au deuxième volume de cette nouvelle collection qui rappelle ces vieux albums illustrés par Juillard, Tardi etc. C’est une très intéressante façon de revisiter un livre, de poser un nouveau regard, d’amener une nouvelle rencontre entre deux univers.

Ainsi, ici on est séduit par la beauté et la force du texte de Pennac.
L’écrivain décale la rhétorique propre aux journaux intimes, il dévoile les méandres du corps pour rebondir sur le vécu du narrateur. Il parle du fonctionnement le plus basique pour glisser sur le disfonctionnement, sur l’âge qui transforme les choses, le désir, la maladie, la peur, sur ces petites habitudes quotidiennes comme pisser, roter, péter, comme le fait de dormir, d’avoir faim, de jouir… Derrière ces confidences c’est la vie d’un homme, de ses sensations, de ses questionnements qui s’étalent devant nous. C’est souvent dérangeant car on est interpelé par le côté frontal de tout ça, néanmoins c’est aussi parfois drôle ou simplement triste. L’épopée d’un corps dans ce qu’elle peut avoir de tragique, d’irrémédiable.

Le texte est magnifiquement souligné par les illustrations de Larcenet qui expérimente, joue sur les formes, sur les évocations, suivant parfois littéralement le livre ou parfois de façon plus "périphérique"
L’artiste pose ainsi un regard sur les moments qui l’ont touché dans le texte, sur ceux qui l’ont fait rire, qui l’ont surpris, épaté ou simplement qui l’ont dérangé. Il en ressort un ensemble d’illustrations en niveau de gris ou juste en noir et blanc, assez sombre, parfois glauques… Mais c’est surtout sublime d’un bout à l’autre. Dès les premières images on est interpelé par ces ambiances qui se déroulent sous nos yeux.

Un livre envoutant qui ne laisse pas indifférent. Que ce soit les mots ou les images on se laisse entraîner dans un univers décalé aux confins des limites du corps, un territoire qui nous est familier, le véritable personnage principal de cet extraordinaire volume…

Très vivement conseillé !

Par FredGri, le 17 avril 2013

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