JOUR J
Dragon Rouge

Alors que les Français sont acculés à Diên Biên Phu, en ce mois de mai 1954, les Américains décident de leur venir en aide en larguant trois bombes atomiques sur les Viets, en limite avec la frontière chinoise. L’opération est un succès, mais cela déclenche la fureur de Mao. La guerre est déclarée entre la Chine et les Etats-Unis.

Un an plus tard, à Los Angeles, Ann Wu, la fille de d’un des hommes les plus riches de Chinatown, demande à un détective privée minable, Ivory, de retrouver son père. Ce dernier a disparu sans laisser la moindre trace. La riche héritière a fait le tour de toutes les agences de détectives, mais aucun n’a voulu travailler pour elle en raison de son origine chinoise. Ivory accepte la mission. Quelques instants après le départ de la jeune femme, il reçoit la visite des hommes de main du CAAA, le service de Mc Carthy, soucieux de connaître la raison de la présence de Miss Wu dans le bureau d’Ivory. Il comprend alors qu’il a mis les pieds dans une affaire plus dangereuse qu’il ne l’imaginait.

Par legoffe, le 31 mai 2015

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Notre avis sur JOUR J #20 – Dragon Rouge

Une frappe américaine sur les Viets, en pleine guerre d’Indochine ? Avec cette couverture, les auteurs nous mettent indéniablement l’eau à la bouche. Au bout de trois pages, on comprend toutefois que la guerre dans laquelle les Français étaient empêtrés n’étaient vraiment que le prétexte à ce qui va suivre. Pécau et Duval nous font quitter presque immédiatement Diên Biên Phu pour aller à… Hollywood ! Ils ont une bonne raison à cela : ils ont imaginé que l’intervention américaine auprès des Français avait déclencher une guerre majeure face à la Chine. Etats-Unis contre Mao, voilà un sacré programme !

Pour autant, ne vous attendez pas à un récit de guerre dans cet album. Quasiment toute l’histoire se déroule à Los Angeles et il s’agit d’un pur polar. L’intrigue mêle les intérêts de la diaspora chinoise et ceux de certains hommes politiques en vue, notamment Nixon et Reagan. Ils vont jouer ici un rôle inattendu, les auteurs étant partis de certains faits réels pour ensuite mieux dévier le cours de l’Histoire de ces politiciens.

Le récit est intéressant car il nous replonge dans l’ambiance anticommuniste de l’époque, à laquelle s’ajoute, avec ce conflit uchronique, une haine des américains d’origine chinoise, comme cela avait été le cas lors de la Seconde Guerre Mondiale pour les concitoyens de sang japonais.

Le rôle du détective privé est bien écrit. Le personnage est assez attachant. Derrière le soit disant flic raté se cache un homme doté d’un certain nombre de ressources. L’enquête est racontée avec efficacité et l’on ne décroche jamais, suivant de bout en bout les révélations et les nombreuses surprises que nous dévoilent Ivory et ses amis.

On ne s’ennuie donc pas un instant dans ce polar. Cela aurait même été parfait sans une conclusion qui manque un peu d’énergie. Les explications finales, qui éclairent l’affaire, auraient pu être mieux intégrées au récit. Elles arrivent, de plus, aux oreilles d’Ivory de manière étrange et peu crédible. Mais cela n’en fait pas moins une lecture sympathique et inattendue, mise en image avec efficacité par Denys. Son trait sûr sert parfaitement cette aventure au coeur d’Hollywood.

Et le Monde dans tout ça ? Finalement, quand on voit la manière dont Pécau et Duval l’ont fait tourner, il valait sans doute mieux perdre à Diên Biên Phu…

Par Legoffe, le 31 mai 2015

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