Jour de grâce

Andreï est un jeune homme à la dérive. Sans emploi ni papier, il survit tant bien que mal… Alors qu’il fait les poches de clients d’un supermarché venus faire leurs derniers achats avant Noël, il a le malheur de dérober celui d’un vieil homme, parrain notoire d’une famille mafieuse de l’Est. Ce dernier le rattrape et après lui avoir assené une sérieuse correction reconnaît en Andreï le fils d’un ancien ami aujourd’hui décédé. Pour le punir de ce petit larcin et surtout en souvenir d’un ancien et mystérieux forfait, Mathias Bernkoff, dit le boucher, donne vingt-quatre heures à Andreï pour rembourser sa dette sous peine de mort ; autrement dit il le condamne. Commence alors pour le jeune homme une descente aux enfers… Que faire de ses derniers instants de vie ? Se battre ? Se perdre ? Se résigner ? Jouir ? Ou tout simplement pleurer ?…

Par melville, le 7 mars 2010

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Notre avis sur Jour de grâce

Jour de grâce est une bande dessinée au parcours atypique. Son auteur, Gani Jakupi, avait au départ imaginé le scénario comme celui d’une bédé mais c’est finalement sous la forme d’un roman qu’il connaîtra sa première parution en 2001 en Espagne et c’est seulement dix ans après avec la collaboration de Marc N’Guessan pour les dessins et la couleur que cette histoire se voit adaptée en bande dessinée.

La couverture n’est pas s’en rappeler le film Le Parrain de Francis Ford Coppola et les thématiques abordées dans cet album n’en sont finalement pas si éloignées. Car bien que le scénario implique un parrain de la mafia et des gens pas forcement totalement fréquentables, il s’agit ici plus d’un thriller psychologique que d’une véritable histoire de gangsters. Mathias Bernkoff et Andrei jouent au chat et à la souris, chacun d’eux incarnant tour à tour le chat puis la souris leur destin se croisent et se recroisent. Les personnages sont mystérieux et énigmatiques et tout ce qu’on connaît d’eux nous est révélé simplement par ce qu’ils sont en train de vivre sur le moment. Ce parti pris du scénariste renforce un peu plus sa volonté de mettre en scène un polar psychologique teinté de désillusions sur la société. Mathias Bernkoff, dit le boucher, tel un ange gardien dissimulant une faux dans son dos persécute le jeune et perdu Andrei pendant le jour de grâce qu’il lui a dans sa soi-disant grande bonté accordé… Andrei se retrouve donc au pied du mur et passe par un certain nombre d’étapes guidées par ses rencontres et allant de la résignation à la révolte en passant par le doute…
Côté dessin on retrouve Marc N’Guessan qui met en image l’histoire d’un trait nerveux et ciselé à l’encrage fin mais présent, le tout rehaussé par une mise en couleur tout en aplats. Le rendu final est efficace et instaure une pesanteur à l’atmosphère qui se dégage lors de la lecture : très réussi.

Jour de grâce est une bande dessinée qui saura sûrement combler les amateurs du genre.

Par melville, le 7 mars 2010

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