Une vie de bohème

Aujourd’hui, Joseph Gillain, dit Jijé, est toujours considéré comme l’un des « pères fondateurs » de la BD franco-belge. Il a rythmé le Journal de Spirou à ses débuts, a formé toute une génération d’auteurs, parmi lesquels Franquin, Will ou Morris, en a influencé beaucoup d’autres, marquant la bande dessinée de son empreinte indélébile… L’image de l’artiste touche à tout, virtuose et généreux qui aima partager, accompagner tous ceux qui venaient le trouver… François Deneyer a mené une enquête de longue haleine, durant près de quatre ans, pour rassembler tout ce qui pouvait l’être autour de Jijé, revenant sur les origines de sa famille, s’attardant sur son enfance, son parcours graphique, sa famille, ses rencontres et ses voyages… Le tout agrémenté d’une multitude de dessins et de photos !

Par fredgri, le 6 décembre 2020

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Notre avis sur Une vie de bohème

S’il y a des monuments dans la bande dessinée, Joseph Gillain, alias Jijé (1914 – 1980) est certainement l’un des plus impressionnants, de par la virtuosité graphique dont il fit preuve tout au long de sa carrière, la variété de ses styles et l’impact qu’il eut sur toute une génération de jeunes auteurs qui ont très vite reconnu son importance. Mais, bien qu’il ait très vite développé d’incroyables facultés en dessin, les choses ne vinrent pas du jour au lendemain.

Tout au long de ce fantastique livre particulièrement bien documenté, François Deneyer nous entraîne au cœur d’une histoire riche et passionnante. Il évoque l’enfance de Joseph, ses débuts artistiques à l’école de métiers d’Art à Maredsous, puis à l’université du Travail à Charleroi et à La Cambre à Bruxelles. Joseph Gillain devient peintre, graveur et sculpteur, mais ce qui va irrémédiablement marquer les esprits c’est son travail dans la bande dessinée, sur Spirou, Blondin et Cirage, Jean Valhardi ou encore Jerry Spring.
Le livre revient aussi sur les relations que l’artiste entretint avec Hergé, sur l’apprentissage de ses premiers « élèves » : Will, Morris et Franquin, son périple aux États-Unis et au Mexique de 1948 à 1950, ses relations avec Georges Troisfontaines, Jean-Michel Charlier et René Goscinny, les premiers pas de Jean Giraud en 1957, ses amis Sirius, Guy Bara et Guy Mouminoux, ainsi que les nombreux débutants qui sont venus lui demander des conseils dans sa maison à Champrosay durant les années 60 et 70, comme André Juillard, Christian Rossi ou François Boucq, ses rapports avec Dupuis, le journal Pilote puis Tintin.
Le tout nourri de très nombreuses anecdotes, de détails méticuleusement collectés au gré des entretiens, des rencontres, de ceux qui l’ont connu et ceux qui évoquent l’importance qu’il eut pour eux. Nous découvrons petit à petit le portrait d’un homme qui vibrait pour son art, qui continua de travailler jusqu’au bout, multipliant les expériences, se nourrissant de tout ce qui l’entourait, sa famille, ses amis, la nature…

Un éblouissant essai sur la mémoire, la reconstitution brillante d’une vie extraordinaire !
François Deneyer a effectué avec cet époustouflant livre, un travail de recherches, de reconstitution de premier ordre qui replace l’homme au centre de son œuvre en revenant sur ses sources, sur tout ce qui l’a constitué au fil des décennies, sur la vie qu’il se construisit !

Il y aurait tellement de choses à dire sur ce que nous découvrons en plongeant dans ces pages, sur les divers épisodes qui viennent émailler ce parcours, les photos qui reviennent sur le quotidien de Jijé, ses enfants, ses maisons, ses amis, sur ses gestes… je ne saurais assez vous encourager à vous procurer cet indispensable ouvrage, ne serait-ce que pour retrouver Jijé, mais aussi l’histoire de la bande dessinée qu’il traversa et transforma définitivement !

Nous fixons cette silhouette de bon vivant, sur la couverture, en songeant à tout ce qu’elle laisse deviner dans son sillage !

François Deneyer rend un hommage transcendant à l’Artiste. Une somme qui fera référence, soyez en sûr !

Par FredGri, le 6 décembre 2020

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