JOHN CONSTANTINE : HELLBLAZER (VO)
Original Sins

(Hellblazer 1 à 9)
Après ses aventures auprès de Swamp Thing John Constantine rentre chez lui, pour y découvrir un vieil ami, Gary Lester, qui squatte son appartement. Ce dernier lui apprend qu’après un mauvais trip en Afrique il aurait réveillé un ancien démon qui est maintenant en Angleterre et ensuite en Amerique pour provoquer d’étranges morts. John va donc tout tenter pour arrêter le carnage, quitte à s’associer avec l’étrange Papa Midnite, le sorcier vaudou très puissant qui semble être l’ultime partenaire pour mettre fin à cette menace…

Par fredgri, le 13 juin 2010

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Notre avis sur JOHN CONSTANTINE : HELLBLAZER (VO) #1 – Original Sins

Hellblazer n’est pas seulement une série comme les autres, elle est l’une des pierres fondatrices de la ligne adulte de DC Comics. En effet, Moore a fait basculer le comics en général, avec ses Saga of Swamp Thing en 83, vers un ton résolument plus mature, plus littéraire. Il y a créé John Constantine, une espèce de détective anglais de l’étrange, cynique et désillusionné, il y a pour la première fois mis en scène une réalité sociale, un sens de l’horreur engagé. Mais il a surtout permis de bien mettre en avant que le comics n’était plus seulement une affaire de teenagers pré-pubères. Devant le succès de Constantine qui reviendra régulièrement, devenant même un personnage récurent de la série, DC décidera de lui attribuer une série. Ils se tourneront donc, pour ça, vers Jamie Delano, un scénariste qui s’est vite fait un nom sur des séries UK qu’il reprenait après Moore (Captain Britain, Night Raven). Il vient de sortir d’un run sur Doctor Who et sa réputation est déjà solide. Sur Hellblazer il va passer à la vitesse supérieure en ancrant définitivement le personnage dans un contexte social, et en appuyant sur le côté anti-héros. C’est cette série, avec Swamp Thing qui amèneront directement la vague d’auteur anglais à investir DC Comics pour ensuite, proposer des séries comme Sandman, Black Orchid et provoquer la création, en 93 du label Vertigo auquel viendront se rattacher toutes les série en cours comme Hellblazer.
Maintenant, avec plus de 20 ans de recul, on peut en effet trouver tout ça un peu anecdotique, mais à l’époque, cette "révolution" fut capitale et novatrice. Les répercussions se font encore ressentir actuellement. On pourrait ensuite se dire que l’escalade de comics grim and gritty qui suivra n’aura pas forcément amené que des bonnes choses. Mais qu’importe, car avant tout, John Constantine va devenir, surtout, le symbole d’un certain genre de héros moins propre sur eux, pas forcément intéressés par tout ce manichéisme écœurant.

Dans ce premier volume, il constate surtout la détresse sociale qui se profile avec le gouvernement de Tatcher, il se rend compte que le libéralisme à outrance va creuser les fossés entre les classes, et que dans ce contexte l’horreur ne peut que se nourrir de la misère ambiante. Malgré tout, il peut aussi être dépassé et ne pas intervenir, même quand d’autres se font agresser… Il n’est en somme, qu’un être humain !
Et, je crois qu’elle est là, la source du succès de ce personnage décalé. Il n’entre dans aucun créneau, il peut décider d’entrer en scène, de tout faire pour sauver la situation ou bien de simplement observer, c’est avant tout parce qu’il l’a choisi, et non par je ne sais quel besoin de justice.
Pour l’instant, on n’en sait pas forcément beaucoup sur ce gars, si il a des pouvoirs, quelle est son histoire… Jamie Delano a un style très direct, tout en gardant une dimension semi-littéraire vraiment très agréable. Il alterne les monologues intérieurs, le discours direct, descriptif. On est en pleine horreur, avec zombie, démons, et autres monstres. Mais Delano parle aussi de secte, de vaudou, de haine, de bêtise, il aborde la politique, le chômage. Le monde est sombre, mais Constantine ne perd pas non plus son temps à se lamenter, il avance et affronte ce qui se présente. Même si, à la finale, tout ceci le dégoutte très profondément !

Graphiquement, on est quand même dans du très bon niveau. John Ridgway est lui aussi tout droit issu du comics made in UK, il a longtemps œuvré sur Doctor Who, par exemple, et son style à la fois très réaliste et expressif donne tout de suite le ton. Ça n’est pas un graphisme très propre, il y a de la matière, des ombres, les personnages trainent des pieds, s’appuient sur des murs quelque peu crado… En bref, il correspond parfaitement aux scénarios de Delano, et l’encrage du vétéran Alcala, dans les deux derniers épisodes, ne fera qu’entériner cette impression.

Hellblazer est donc, à l’époque, une excellente série, magnifiquement mise en image et remarquablement écrite. Aujourd’hui, avec près de 270 numéros de parus, elle demeure l’une des séries majeures de l’univers Vertigo. Et l’arc de Delano, au tout début, reste la grosse référence pour tout ceux qui ont suivis.
Vous aussi, venez découvrir cette remarquable série.

Par FredGri, le 13 juin 2010

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