JOHN ARTHUR LIVINGSTONE
Le Roi des Singes

John Arthur Livingstone est toujours une curiosité dans la haute société londonienne. N’a-t-il pas été élevé par des singes sur une île perdue dans l’océan avant d’être finalement recueilli par un bateau de passage et devenir, plus tard, un lord anglais ? Quelle destinée ! Mais il n’est certainement pas évident d’être souvent au centre des questions d’une bourgeoisie un peu méprisante ou, au mieux, condescendante, d’autant que le débat faite encore rage sur l’origine des espèces, alors que Darwin vient juste de mourir.

Les bêtes sauvages vivent-elles uniquement dans la jungle ? Telle pourrait être l’autre question à se poser dans les rues de Londres. Alors que la ville pensait en avoir fini avec les tueurs en série depuis la disparition de Jack l’Eventreur, une nouvelle série de meurtre touche les femmes. Les victimes ne sont, certes pas, mutilées, mais la police n’en est pas moins sur les dents car la peur envahit à nouveau les quartiers.

L’inspecteur Mark Douglas est intrigué par un témoignage. Un homme affirme que c’est Hyde qui a fait ça. Il fait référence au roman, déclarant que cet être existe. Un de ses amis l’a vu sur les lieux du dernier crime. Le criminel était arrivé en redingote puis, quelques instants plus tard, il a entendu des cris de la victime. Le monstre était là, nu, puissant. Puis l’homme en redingote est réapparu…

Par legoffe, le 20 avril 2012

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Notre avis sur JOHN ARTHUR LIVINGSTONE #1 – Le Roi des Singes

Les livres de Philippe Bonifay sont souvent baignés d’une ambiance mystérieuse, avec un style quasi lyrique. L’homme aime aussi la belle littératures, les beaux mots. Tout cela se retrouve dans ce nouvel album qui relate le destin d’un homme qui a grandi au milieu des orang-outans. Bonifay imagine, là, son propre tarzan. Mais l’histoire est, elle, bien différente puisqu’il est aussi question de meurtres en série dans un Londres sombre et pesant.

L’auteur distille, en effet, une lourde ambiance. Si la mort qui rôde peut l’expliquer en partie, elle n’est pas la seule raison à cela. Bonifay parvient aussi à faire peser sur les épaules de Livingstone le regard empli de préjugés d’une société en proie au doute.

Tout cela crée un paradoxe avec les scènes de liberté du garçon dans les pays chauds où il n’avait même pas à s’habiller. Des scènes que l’on retrouve ça et là, souvenirs éphémères qui tentent de perdurer au milieu de la grisaille anglaise.

Une fois encore, ce genre de récit permet aussi de poser les vraies questions sur l’homme et le monde qui l’entoure. Qui est vraiment la bête, lorsque l’on voit ce dont l’être humain est capable ?

Nous ne pouvons qu’être réceptifs aux mystères évoqués dans le livre. L’auteur sème le doute quant à la nature et aux agissements de Livingstone. Cela donne envie d’en découvrir la suite de ce diptyque. Espérons qu’il soit à la hauteur des attentes car cette entrée en matière est très intéressante, avec son ambiance étrange, son zeste d’érotisme et la complexité structurelle du scénario.

Les dessins, eux aussi, sont emplis de mystère. Le travail de Meddour est remarquable de finesse et la mise en couleur impeccable de Paitreau donne au livre une teneur quasi mystique. Les planches semblent ainsi nous envelopper et nous entraîner à notre tour dans la brume londonienne. Quel livre intriguant décidément !

Par Legoffe, le 20 avril 2012

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