Jim Henson's Tale of Sand

Dans les années 60, avant de devenir le créateur des Muppets, de 1 rue Sésame, Jim Henson a tourné quelques courts métrages expérimentaux, il avait même écrit un scénario avec son ami Jerry Juhl, Tale of Sand. Malheureusement, de par son côté anti-conventionnel, onirique et inclassable le projet n’a pas su trouver de producteur à l’époque et le scénario est resté ensuite dans quelques tiroirs. Jusqu’au jour ou la fille de Jim Henson tombe sur ce vieux script et propose à Ramon Perez de le mettre en image…
L’histoire est simple… Un homme arrive dans une ville au bord du désert, c’est la fête, il danse avec les autres dans la rue, se distingue et bientôt le shérif lui annonce qu’il doit partir, un sac sur le dos, dans dix minutes, qu’on lui donne de l’avance, mais qu’il ne doit pas traîner… L’homme ne comprend pas à quoi ça rime, partir pour ou ? Et de l’avance pour quoi ? Il s’éloigne et bientôt, derrière lui, un autre homme s’avance sur ses traces… Son objectif, le tuer…

Par fredgri, le 15 juin 2014

Notre avis sur Jim Henson’s Tale of Sand

Avec cette histoire il ne faut pas chercher à avoir un album comme on en a l’habitude, une intrigue, un développement, un but… Dès les premières pages on est emporté dans une sorte de long trip onirique avec cet homme dont on ne connait rien, qu’on suit sans se poser de question, découvrant cet univers en même temps que lui.
C’est vrai que c’est assez déstabilisant, on n’a réellement aucun autre repère que ce gars qui traverse cette histoire comme une sorte de voyage dans les mondes imaginaires. Toute la force de cet album ne vient donc pas de ce que le récit raconte, mais bel et bien de l’ambiance générale qui s’en dégage. Cette fuite est à la fois très tendue, tout en étant très légère aussi. C’est bizarre car autant on sent bien le danger qui pousse le "héros" dans ses derniers retranchements, qui le menace, qui lui met la corde au cou, autant le lecteur est complètement pris dans ce rythme endiablé, comme au travers d’un long travelling ou s’enchaînent toutes les scènes, avec grace et entrain.

Mais bien sur, cette lecture est très rapide, très peu de dialogue, beaucoup de séquences très dynamiques qui se parcourent bien plus des yeux en feuilletant cet incroyable album qu’en le lisant ! Toutefois, Ramon Perez fait ici preuve d’une telle maestria graphique que chacune de ses trouvailles transcende chaque page. Il passe d’un style à l’autre, joue avec les cadrages, la mise en page, mélange des textes, les couleurs, les techniques… A l’exemple de cette douce folie qui semble habiter ce volume l’artiste donne l’impression de complètement exploser dans un feu d’artifice d’encre et de couleur !

Bien sur, me direz-vous, il y a une limite à juste se contenter d’un artiste virtuose, néanmoins je trouve que mine de rien ça n’est pas juste ça, tout de même !
Après tout, dans cet homme qui court c’est le stéréotype immuable du héros pourchassé qui se reflète, celui qui brave les dangers, qui passe au travers des lames, qui échappe à ces ombres menaçantes qui le cherchent dehors. On est dans l’essence même de l’aventure, ce frisson qui nous parcourt, la peur, la tension, tout ce qui peut nous amener à ne pas se poser de questions sur le comment, sur le quoi, juste se laisser aller à suivre le mouvement ! Il y a vraiment quelque chose de jouissif dans cet album, quelque chose de profondément intime aussi, car ce gars là on est à ses côtés, on regarde par dessus son épaule, nous non plus on ne sait pas ou ça va nous emmener, mais qu’importe !

Un très très belle découverte, inclassable et très forte !

A consommer sans modération !

Par FredGri, le 15 juin 2014

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