Jeux sans frontière

 
Ils sont quatre. Quatre personnels humanitaires évoluant au cœur de l’Afrique Noire. Et… euh, ah, bé non, attendez… Ils ne sont plus que trois : l’un d’eux vient de se faire fusiller ! Eh ouais, pas de bol, ils sont tombés dans une embuscade tendue par des enfants soldats et sont désormais leurs otages. Que va-t-il advenir d’eux ? Réussiront-ils à faire entendre raison à leurs ravisseurs ? Trouveront-ils grâce auprès du commanditaire de leur enlèvement ? Croiseront-ils d’autres humanitaires pour leur venir en aide ? Rien n’est sûr. Si ce n’est que le maître mot et maintenant pour eux : évasion à tout prix, jusqu’à la frontière la plus proche…
 

Par sylvestre, le 4 juillet 2014

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Notre avis sur Jeux sans frontière

 
On savait grâce à ses blogs que Ptiluc voyageait inlassablement à travers l’Afrique à moto mais on ne savait toujours pas quand et comment ces expériences africaines allaient un jour ou l’autre resurgir dans ses bandes dessinées. Aujourd’hui, la réponse est arrivée, et elle réserve bien des surprises aux lecteurs !

Des principales surprises, la première, sur la forme, est de taille : Jeux sans frontière est en effet une BD où les personnages ne sont pas des rats mais des humains. Ce à quoi l’artiste ne nous avait jamais trop habitués jusque là. La seconde, sur le fond, est de taille également : Ptiluc aurait pu nous louer l’Afrique des paysages qu’il a traversés, aurait pu encenser les gens qu’il y a côtoyés ou partager avec nous les anecdotes et les petits tracas de ses aventures… Au lieu de cela, il a choisi de nous en dresser un tableau très critique, donnant toute la place à et exagérant les côtés obscurs de l’Afrique et toutes les dérives dont elle est le théâtre, que ce soit sur le plan politique ou sur le plan humanitaire : deux pôles desquels découlent bien des conséquences, et pas des moindres.

Les blancs comme les Africains ne sont pas tous que des gentils ou que des méchants, bien entendu. Mais dans l’Afrique de Jeux sans frontière, tous les protagonistes ont leur part de pourriture : les enfants soldats et leur propension à commettre les pires exactions sous l’emprise des drogues qui leur sont refilées, le prêtre missionnaire qui a mal tourné, le roi africain autoproclamé et ses manières de faire qui sont plus que discutables, ou encore les humanitaires : aventuriers parfois encore un peu trop naïfs et vivant leur mission comme si l’Afrique n’était qu’un terrain de jeu où il faut faire plus de comm’ que les autres…

Il y a donc bien sûr un fond de vérité dans tout ça, mais le parti pris de tout exagérer fait que la part de témoignage sérieux qu’on attendait en lisant un tel ouvrage est écrasée sous le poids de la caricature et dédramatisée à coups d’humour décalé et de dialogues qui laissent le lecteur gêné d’avoir l’impression d’entendre tout le monde hurler sans arrêt (!)

Bref, tout le monde en prend pour son grade et comme il n’y a pas de fumée sans feu, cette critique acerbe a bien raison d’être. Jeux sans frontière est un défouloir où le rebelle Ptiluc crache un peu du venin qu’il retenait. On espère cependant qu’il n’a pas retenu que ça de l’Afrique et qu’un jour, peut-être, il nous en dressera en bandes dessinées des portraits plus flatteurs. Car eh… si tout était vraiment moisi là-bas, il n’y retournerait pas sans arrêt !
 

Par Sylvestre, le 4 juillet 2014

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