JESUIT JOE ET AUTRES RECITS
Jesuit Joe et autres récits

Canada – début du XXème siècle. Jésuit Joe est un métis. Dans une cabane, il découvre un costume de la "Police montée" qu’il revêt aussitôt. C’est à ce moment là que 3 hommes lui tirent dessus, mais Joe est plus rapide et descend ses assaillants. Sur sa route, il sauve un bébé blanc qu’il confie à des inuits, il agresse un curé, libère deux prisonniers, tue deux trappeurs et sa sœur.
Le sergent Fox se met à la recherche de cet "étrange" policier" qui semble faire sa propre justice…

Par berthold, le 17 novembre 2020

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Notre avis sur JESUIT JOE ET AUTRES RECITS # – Jesuit Joe et autres récits

Avec cette nouvelle édtion de Jesuit Joe ainsi que de La Macumba du Gringo et de A l’Ouest de l’Eden, Casterman regroupe en un seul volume, ce que Hugo Pratt surnommait sa "trilogie des religions".

Avec Jesuit Joe, ce qui marque le plus, d’emblée, c’est l’ambiguité du personnage : est-il un reel salopard ou bien fait-il semblant ?
Une des scènes que je préfère, c’est celle où il se promène en canoé, il écoute un oiseau chanter sur une branche, il sourit et… descent l’oiseau en disant : "Y’ a trop de joie dans ce bois". Qui est vraiment ce personnage? Il fait penser, quelque part, à Raspoutine, "l’ami" de Corto Maltese. Autre moment où Joe reste ambigue, c’est lorsque il n’hésite pas à sauver un bébé ou un blanc qu’il connait pas mais tue sa soeur parce qu’elle se prostitue. Autre prouesse, Au début, en 13 planches, sans une parole, sans un bruit.
Hugo  Pratt utilise la technique du "gauffrier", qui donne une certaine puissance visuelle au récit. La fin aussi est ambigue : entre le sergent Fox et Joe, un fusil, et pour la dernière case juste un "crack" et "fin". Le lecteur ne sait pas ce qui s’est passé, qui est mort, qui s’en sort. En fait, Pratt travaillait sur un Jesuit Joe 2, une dizaine de planches existe, malheureusement, ce récit ne verra jamais le jour.
Avec Jesuit Joe, Pratt rend un bien bel hommage aux récits du "grand Nord" et à James Oliver Curmwood, dont les livres ont nourri son imaginaire.

La Macumba du Gringo
  est un autre récit ambigu imaginé par Hugo Pratt. Il nous présente une histoire d’amour, de mort, de traitrise et vengeance. Un des récits les plus forts de l’auteur.
Nous avons droit à un récit d’aventure très violent, assez chargé de tensions sexuelles. Il y a aussi une part de fantastique avec le cantoblé, la sorcière Mae Preta, la vengeance du Gringo, un mort revenu à la vie ne sachant pas qu’il est mort. Une œuvre qui peut paraître dérangeante pour certains lecteurs du fait de certains propos, de certaines scènes. Mais cela reste toutefois une des plus belles histoires écrites par Hugo Pratt.
A noter une petite anecdote concernant ce récit, on dit que Pratt n’étant pas d’accord avec son éditeur, le fait sentir lors de la dernière case de l’album : Gringo dit "J’obéis, Capitan Curisco, mais je proteste.". En fait, c’est ce que pense Pratt.

Avec A l’Ouest de l’Eden, Hugo Pratt nous entraine dans le désert de Somalie.
Un très bel album, une belle variation autour du thème d’Abel et Cain. Et c’est  un album difficile d’accés pour celui qui ne connaît pas bien l’univers de Pratt. Cette histoire de vengeance, de religion, de culture est envoûtante : est-on dans un rêve, la réalité ? Le lieutenant Robinson est-il fou ? Qui est réellement ce vengeur ? Là aussi, l’ambiguité a son rôle a jouer. Un récit qui touche à la religion d’assez prêt, mais aussi à la fraternité et à l’amour. L’amateur y croisera un personnage déjà vu dans Corto Maltese.

Etes vous prêt pour une expérience unique avec ces trois récits emblématiques d’Hugo Pratt ? Cette édition vient à point nommé pour nous permettre de lire trois histoires qui nous emmènent ailleurs.

 

Par BERTHOLD, le 17 novembre 2020

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