JEROME K. JEROME BLOCHE
Le gabion

Pendant qu’un homme sort de prison, Jérôme et Babette se préparent à partir en vacances. Après quelques démêlés avec un chauffeur routier et un accident de la circulation, le jeune couple se trouve immobilisé dans une bourgade proche du Mont-Saint-Michel. Hébergés par Max et Gabrielle, le détective et son amie ne tardent pas à s’apercevoir que l’ambiance est plutôt morose. En effet, leurs logeurs ne se sont pas remis de la mort de leur fille Amélie dont le responsable vient de purger sa peine et a quitté récemment la prison. Tenaillés par un sentiment d’iniquité, ils entrevoient de se faire justice eux-mêmes.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur JEROME K. JEROME BLOCHE #12 – Le gabion

Par l’intermédiaire de Jérôme K. Jérôme Bloche, Alain Dodier s’attaque à un sujet sensible concernant la pseudo iniquité des sanctions prises à l’encontre d’individus qui ont ôté la vie à d’autres. En effet, condamnés souvent à des peines révisables, ces anciens détenus qui ont purgé leur peine au regard de la Justice et de la société peuvent, une fois remis en liberté, entretenir un malaise au regard des familles qui ont été brisées définitivement. C’est sur ce sentiment de solitude et d’injustice que l’auteur a tissé son récit.

On conviendra que, malgré les efforts de Babette et de Jérôme pour donner un peu d’humour à leur aventure, le ton est grave. Sombrant même dans la tragédie, cette étude psychologique sur un couple attristé par la disparition de leur enfant est assez aigre. Leur désespoir est presque communicatif et incite à la réflexion. Considérant leur douleur face à la réapparition de celui qui est responsable de leur désarroi, un affreux dilemme prend corps. Afin d’amplifier cette sensation désagréable, Alain Dodier nous présente sommairement l’ancien détenu comme un être totalement éteint, ne laissant transparaître aucune émotion : est-il prêt à recommencer ?

"Le gabion", du nom de l’abri enterré utilisé pour la chasse au canard est une œuvre d’un abord aisé et se lit malheureusement trop vite. Par sa tournure, elle peut surprendre et nous piéger à l’image de la marée montante. Les dialogues sont peu nombreux, les quelques bulles et les dessins étant suffisamment explicites à camper le climat douloureux. A ce titre, malgré une colorisation un peu vive (à mon goût), on est conquis par la justesse du trait qui convient aux deux ambiances, l’humour et le drame.

Jérôme K. Jérôme Bloche face à un cas de conscience, c’est possible et c’est dans cet album.

Par Phibes, le 10 mai 2008

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