JEROME K. JEROME BLOCHE
Le coeur à droite

En panne d’inspiration pour écrire un roman policier, Jérôme K. Jérôme Bloche décide de prendre l’air dans le Paris engourdi par le froid. Au détour d’un escalier, le jeune détective tombe sur un SDF allongé à même le sol et cuvant son vin. Dans un élan de générosité, Jérôme prend pour parti d’accueillir le vagabond dans son appartement pour y passer la nuit. Au petit matin, le bougre a disparu non sans avoir laissé par mégarde un manuscrit intitulé Un cœur à droite qui n’est autre qu’un récit policier d’une rare intensité. Devant cet étalage insoupçonné de créativité, Jérôme se résout à suivre ses traces afin de l’aider à éditer cet écrit. Mal lui en prend car le dénommé Charlemagne a un passé qu’il est plutôt dangereux d’exhiber au grand air.

Par phibes, le 14 avril 2010

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Notre avis sur JEROME K. JEROME BLOCHE #11 – Le coeur à droite

C’est toujours un réel plaisir d’aborder les aventures policières urbaines du sympathique Jérôme K. Jérôme Bloche, personnage issu de la cogitation d’un consortium d’auteurs illustres (Makyo, Le Tendre et Dodier). En solo depuis 8 tomes, Alain Dodier nous invite à partager, dans une polyvalence assurée, une nouvelle équipée de ce personnage singulier qu’il affectionne particulièrement. Cette fois-ci, Jérôme est amené, dans son immense bonté, à s’occuper de son prochain sans savoir que son élan de gentillesse va le pousser très loin dans une mésaventure catastrophique.

Cet épisode est donc celui d’une rencontre peu ordinaire, poussée par des sentiments honorables dont Alain Dodier ne tarit pas. Evoquant indirectement avec humilité les conditions désastreuses de cette frange populeuse des rues en période hivernale, l’auteur entame son histoire sur un ton doucereux, plein de complaisance. Progressivement, ce dernier introduit le mystère quant aux aptitudes romancières de Charlemagne qui va révéler d’autres prédispositions dont Jérôme et Babette vont faire les frais. L’action prendra alors son essor pour emballer l’aventure et subjuguera le lecteur par la tournure des évènements qui, on peut le noter, se déroulent sans grande violence.

Excellemment menée, l’histoire se lit sans discontinuité, englobant humour subtil, secret lourd et course-poursuite tonique. On est pris dans le sillage de ce Charlemagne plein de ressource malgré sa condition errante qui prend de court Jérôme et le lecteur.

Le dessin d’Alain Dodier reflète une grandeur d’âme. La générosité et la douceur que dispensent ses graphiques, à la colorisation plutôt pâle, sont des plus agréables et incitent indubitablement à suivre les péripéties du sémillant escogriffe. L’authenticité de son trait se suffit à elle-même pour inciter le lecteur à suivre, non pas les yeux fermés, les vicissitudes du jeune limier qui n’en finit pas de nous épater.

Un onzième épisode au bon cœur, tout court.

Par Phibes, le 14 avril 2010

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