Jeanne d'Arc

 
Issue d’une famille paysanne, la petite Jeanne d’Arc n’a pourtant pas hésité, alors qu’elle n’avait que seize ans, à aller demander audience auprès du dauphin Charles VII à qui les Anglais et les Bourguignons avaient volé le trône de France. Investie d’une mission qu’elle affirmait divine, elle aurait pu être prise pour une folle, mais la situation était telle dans le royaume que le moindre espoir était à prendre en compte. Charles VII reçut donc Jeanne qui sut être convaincante. D’abord dans ses discours, puis par ses actes ; courageux et qui l’ont menée – comme elle l’avait annoncé – à la victoire…
 

Par sylvestre, le 9 juin 2016

Publicité

Notre avis sur Jeanne d’Arc

 
Rien, de loin, ne m’avait mis la puce à l’oreille ; ou à l’oeil, devrais-je dire. Que ce soit la position de Jeanne d’Arc, l’ambiance de la scène dessinée ou les couleurs, rien ne m’avait franchement renseigné sur l’artiste au premier coup d’oeil. Avant de regarder le nom du dessinateur, mes yeux se sont approchés, ont joué à deviner, et ont reconnu ce trait gras et cette mise en couleurs si particulière. J’ai regardé la réponse : elle était écrite au-dessus, avec les noms du scénariste Jérôme Le Gris et de l’historienne Murielle Gaude-Ferragu… Et effectivement, j’ai reconnu avec joie le style d’Ignacio Noé que j’adore depuis que je l’ai découvert tardivement ; c’était avec sa série Helldorado.

Pour cette bande dessinée, des libertés ont été prises avec l’Histoire. Pas tant sur la chronologie des faits, qui a pu être reconstituée sur la base des nombreux écrits qui ont été produits notamment lors des procès de celle qu’on appelle de nos jours encore la Pucelle d’Orléans. Mais sur la représentation de l’héroïne, dont les documents officiels d’époque ne nous ont laissé que des représentations imaginées ou fantasmées. A ce titre, Ignacio Noé est devenu un "inventeur" de Jeanne d’Arc supplémentaire, et le cahier documentaire en fin d’ouvrage fait bien d’appeler ses dessins de la jeune femme des enluminures ! Sa Jeanne a troqué la "coupe au bol" règlementaire contre une chevelure assez courte mais qui la rend évidemment un peu plus sexy, plus "bédégénique"…

La narration joue la carte de la rétrospective : après une première scène se déroulant en 1449, on repart en 1423 pour aller au-delà du point de départ : jusqu’en 1456. C’est classique et efficace, pas comme ces récits minés de flashbacks qui ont plutôt tendance, à force, à désorienter le lecteur. Puis toute l’histoire se dévore, d’autant plus que le style de Noé reste fascinant de bout en bout, entre croquis et traits aboutis, entre rondeurs et rigidité, et avec ces couleurs à l’aspect parfois si plastique mais dont se dégagent pourtant douceur, lumière et sensualité.

Tout le monde connaît Jeanne d’Arc. Tout le monde sait qu’elle a combattu les Anglais et a terminé brûlée vive sur un bûcher, à Rouen. Ces "grandes lignes" effacent malheureusement le reste de sa vie et de son action dans nos mémoires : avec cette bande dessinée, il nous est donné de "relire" plus complètement la vie de la désormais Sainte et de rouvrir un oeil sur sa jeunesse, sur les conditions de sa rencontre avec le dauphin Charles VII qu’elle avait pour mission divine de mener jusqu’au trône, sur les batailles décisives qu’elle a livrées et sur le déclin de ses "pouvoirs"…

Jeanne d’Arc est une superbe BD qui rafraîchit un pan d’Histoire "qu’on connaît sans savoir" et qui réussit à faire de nous des fans inconditionnels (!) de la courageuse et investie combattante. A lire, à regarder, et à apprécier pleinement !
 

Par Sylvestre, le 9 juin 2016

Publicité