Je viens de m'échapper du ciel

Poe ne cherche pas à se prendre la tête, qu’il s’agisse de tenter le hasard, allongé sur la route, ou encore de suivre son pote Harly dans son idée stupide d’aller ouvrir un compte dans une banque avec l’argent qu’ils ont dérobé une semaine auparavant dans la même banque… Il ne croit que très moyennement en tout ça, quelque peu désillusionné, il finit même par jeter ces allumettes qui l’aident à plus ou moins choisir quelle décision prendre… Parce qu’au font, ce qui l’intéresse c’est Lola, une belle barmaid qui l’ignore, avec laquelle il n’arrive évidemment pas à conclure… Et même cet ange rebelle qui descend sur Terre, qui lui offre une nuit inoubliable, n’arrive pas à lui changer réellement les idées…

Par fredgri, le 8 septembre 2016

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Notre avis sur Je viens de m’échapper du ciel

Laureline Mattiussi adapte quelques nouvelles de l’écrivain argentin Carlos Salem.

Dès la première séquence, presque muette, on comprend qu’il va être surtout question d’atmosphère, que le regard de ce héros désabusé, vers le ciel, en attendant l’inéluctable accident, ne peut qu’amener l’idée d’une vie aléatoire, au grès des évènements ! Après tout, ce Poe, qui aime d’un amour résigné et désespéré la belle Lola qui ne le regarde qu’à peine, se contente de suivre tout ce qui se présente, son pote Harly le barge qui organise des braquage déguisé en Titi et Bux Bunny, qui dérouille un client dans une banque, quitte à le frapper avec la valise contenant tout son argent qui s’envole, avant de prendre la fuite !!! Ou bien cette belle blonde éthérée qui se trouve être un ange en virée sur terre, qui a envie d’une bonne nuit de jambe en l’air. Poe n’a pratiquement plus prise avec ce qui l’entoure, toutefois cet ange pourrait lui faire ouvrir les yeux et regarder ce qu’il a devant lui pour de bon…

Laureline Mattiussi opte pour un découpage en chapitres assez déstabilisant. On peine un peu à faire le lien, d’autant que certaine fois des bouts de séquences se répètent, avec de minuscules variantes, qu’on revient en arrière, qu’on saute d’une fuite en bagnole à une scène de bar, puis zou re-fuite, une rencontre avec une ex et un ange qui débarque…
C’est obscurisant, mais malgré tout il se dessine devant nous une ambiance assez particulière ou le lecteur accepte progressivement, aussi, de se laisser entraîner sans trop poser de question, uniquement guidé par les impressions qui défilent, le noir qui englobe chaque planche et ce sentiment de nager entre deux niveaux de lecture, tout du long !

Cependant, le soucis avec ce style d’approche, c’est qu’on a du mal à réellement voir ou l’auteur vous nous mener, quel est le véritable liant entre tout ça. Car, à force de rester hermétique les personnages perdent leur charisme ou simplement cette flamme de vie qui peut nous faire vibrer.
Ici, Poe n’est à l’évidence qu’un pion inexpressif dans ce récit alambiqué qui peine un peu à nous accrocher, quand même.
Certes, j’ai particulièrement aimé le graphisme très contrasté de l’auteure, cette atmosphère parfois onirique, mais très vite, le fait de devoir rester sans cesse en retrait, de ne pas avoir tout les éléments m’a fait quitter le récit qui tente de se dérouler devant moi ! Et c’est dommage !

Donc un album assez intrigant, qui ne manque néanmoins pas de charme !

Par FredGri, le 8 septembre 2016

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