Je n'ai rien oublié

Quatre histoires dans ce recueil des plus étranges… "Rouge sang" ou le souvenir d’une pluie d’oie sauvage qui vient couvrir le toit de sang… "Je n’ai rien oublié" avec un petit garçon en deuil qui découvre les mystères de la forêt à côté de sa maison. "Le Tunnel" ou un homme s’évade en prenant son bain, au travers d’un passage dans le mur de sa salle de bain. "Sarah et la petite graine" ou les joies de l’enfantement…
Quatre histoires surréalistes, entre onirisme, fantastique et une ambiance doucement horrifique.

Par fredgri, le 6 avril 2015

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Notre avis sur Je n’ai rien oublié

Ces histoires nous transportent dans un univers incongru qui nous interpelle.
Ou se trouve-t on exactement ? Dans un monde chargé de symbolisme, ou chaque récit se teinte d’un sens plus profond, d’une émotion très intrigante. On est séduit, on ne reste pas indifférent, on découvre ces personnages confrontés à leurs cauchemars, leurs rêves dans une vision de la réalité qui prend des reflets fantastiques, avec des créatures géantes qui parcourent la campagne, tenant des parapluie, des insectes qui creusent des galeries dans les murs, des oiseaux qui tombent du ciel, des enfants qui naissent dans d’étranges fruits géants !

On est donc tout d’abord intrigué, c’est vrai, mais le charme opère très vite, car les scénarios se déroulent doucement.
"Rouge sang" se présente comme une évocation, le narrateur raconte un souvenir qui l’a marqué, ce sang qui reste au fil des ans, que l’on ne peut effacer, s’inscrit comme une sorte de douleur dont on ne peut se débarrasser, avec laquelle il faut se résigner à vivre, se construire, malgré le temps qui passe. Le ton est lent et énigmatique. On découvre un dessin à la fois minimaliste, texturé et très expressif, mêlant adroitement couleur et noir et blanc, lumière et ombre. C’est très beau, plein de charme !
Pour "Je n’ai rien oublié" on reste dans l’enfance et plus particulièrement auprès d’un petit garçon qui vient de perdre son père, qui a besoin de solitude, séduit par les mystères qui se cachent dans la forêt, près de chez lui… "Le Tunnel" nous entraîne dans une sorte d’aventure onirique assez bizarre, difficile à réellement décrypter, car on sent bien qu’elle fait appel à des éléments très subjectifs, propre à l’auteur… Pour "Sarah et la petite graine" nous sommes confrontés au désespoir d’un couple qui vieilli sans avoir pu enfanter et qui découvre un jour une étrange graine qui va devenir un arbre qui va donner des fruits géants qui vont ensuite libérer des enfants… Envoutante évocation de la naissance et du bonheur d’être parent…
Néanmoins, chacun de ces "chapitres" ne se cache aucunement derrière sa signification propre, il peut très bien s’apprécier pour ce qu’il nous montre, quand bien même il faut accepter les choses comme elles viennent, avec leur étrangeté et cette poésie impalpable qui se dégage de chaque page.

Parce que voilà, cet album nous ouvre vers l’univers de Ryan Andrews, un jeune auteur qui va certainement faire parler de lui et très vite. Le ton est très personnel et original, voir même fascinant, avec une vraie beauté dans le langage, dans ce regard décalé qui nous révèle un monde entre réalité et rêve éveillé… !

Beau coup de cœur !

Par FredGri, le 6 avril 2015

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