Je n'ai jamais connu la guerre

 
Cela plait ou non à cause des questions éthiques que ça soulève, mais Darius n’en a cure et fait fortune en vendant… du rêve ! Au sens propre !!! La société qu’il a créée propose en effet à ses clients des injections (par seringues) de rêves préconçus matérialisés en liquides, de rêves commandés après avoir été programmés sur mesure.

Alors oui, Darius est un jeune homme qui a parfaitement réussi sur le plan de la carrière professionnelle. Néanmoins, il n’en va pas de même sur le plan relationnel, sa manière de vivre et de penser, embrouillée sur ces notions que sont rêve et réalité, ayant des répercussions sur ses attitudes et sur ses relations avec ses amis, sa famille…
 

Par sylvestre, le 7 juin 2013

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Notre avis sur Je n’ai jamais connu la guerre

 
L’outil postulat de base est intéressant pour la dose de fantastique qu’il peut apporter à l’histoire qui, par ailleurs, est présentée comme pouvant être tout à fait réelle. Cette idée de "rêves sur commande" vendus par Darius est en effet la porte ouverte à bien des originalités, même si l’on ne coupe bien évidemment pas aux prévisibles fantasmes sexuels que certains clients (qu’on voit à l’occasion d’une planche ou d’une autre) veulent assouvir.

Les originalités au niveau du scénario auraient pu être légion, car on comprend que la "non-limite" des rêves qui peuvent être commandés peut avoir des répercussions sur le psy des gens, donc sur leur comportement et sur leur vie. Le scénariste ne s’éparpille cependant pas et reste globalement dans son sujet, usant avec intelligence de ce pouvoir de raconteur qu’il a. Au niveau du dessin, l’originalité s’invite naturellement aussi, puisque traiter en images des séquences "rêvées" permet à la dessinatrice de produire différemment que lorsqu’elle dépeint une scène plus normale. Ce qui distingue assez clairement les deux types de séquences ; réelles et imaginaires.

Malheureusement, sur ce dernier point, cette liberté rendue possible par l’extravagance des rêves à dessiner est assez mal employée. Il en ressort des planches plutôt moches, c’est dommage : notre œil a tendance à voir des dessins bâclés plutôt que des œuvres réalisées dans un style spécifique associé aux rêves. Même si l’on comprend parfaitement l’importance que des zones floues ou "gribouillées" sont sensées avoir dans ces rêves. Les couleurs, très franches, très acides, jouent aussi beaucoup sur une mauvaise impression globale, d’autant qu’on les retrouve dans le réel comme dans le rêvé.

Mais le plus dommage, c’est que ces faiblesses s’ajoutent à une histoire qui s’étire et peine à nous dire clairement ou le scénariste veut nous emmener. D’autant plus que son ambassadeur auprès de nous, le héros Darius, est un personnage qu’on n’arrive pas à aimer. A l’instar d’un Octave Parango (jean Dujardin dans 99F), il nous est présenté comme un gars imbu de lui-même, trop sûr de lui, dragueur invétéré etc… Au point qu’on n’arrive pas à rentrer dans cette chronique de vie.

Je n’ai jamais connu la guerre apparaît ainsi comme une histoire construite sur de bonnes idées mais qui perd son potentiel au fil des pages et lasse le lecteur. Ajoutons à cela que le titre et le dessin de couverture sont très trompeurs. N’achetez pas cette BD si vous pensez y trouver quelque chose plus docu-fiction ! Non !!! Et s’il est effectivement question du Liban dans le récit, c’est vraiment par bribes, et très superficiellement (alors que pour Darius, c’est plus profond que cela : c’est révélateur, voire éloquent). Pour résumer tout ça, j’aurais envie de vous crier : gare à la déception… Pour moi, ce fut un mauvais rêve. Ce n’est pourtant pas ce rêve que j’avais commandé !
 

Par Sylvestre, le 7 juin 2013

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