Le jardin de Rose

Du haut de sa cinquantaine, Françoise est une femme qui vit mollement, sans aucun excès, sous le couvert d’un mari plutôt égocentrique. Habitant dans une cité HLM et à la recherche d’un emploi qu’elle aura du mal à obtenir faute de qualification, elle s’occupe de son amie Rose qui a eu un accident avec son chien. Un jour, cette dernière apprend à Françoise que la demande d’obtention d’un jardin familial qu’elle avait formulée lors du vivant de son époux, lui a été enfin accordée. Eu égard à son handicap, la vieille dame sollicite l’aide de Françoise pour entretenir ce jardin le temps de sa convalescence. Peu enthousiasmée par l’idée, elle s’exécute malgré tout. Les débuts s’avèrent difficiles mais peu à peu, Françoise qui se fait passer pour Rose, finit par s’intéresser à ce microcosme qui cache quelques petits secrets. Est-ce qu’il serait possible que Françoise y trouve un moyen de s’émanciper enfin ?

Par phibes, le 18 juillet 2020

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Notre avis sur Le jardin de Rose

Depuis Le tour d’écrou (d’Henri James) paru en la collection d’exlibris de Delcourt, Hervé Duphot fait son petit bonhomme de chemin. Quelques dix ans plus tard après son premier album grand public, cet artiste fait son entrée dans la collection Mirages du même éditeur en nous offrant une histoire complète toute en sensibilité et humanité.

Cette dernière est liée à une femme d’âge mûr qui, au demeurant ne peut se vanter de mener une vie de rêve. Pas très loquace, vivant dans une passivité peu ragoutante, elle va finir, par un heureux hasard, par trouver sa voie. Cette renaissance passe par un retour à l’essentiel, un retour aux fondamentaux à savoir la terre, sa mise en culture et le sens du partage entre pairs. Cette belle occasion intimiste est pour Françoise le moyen de retrouver un équilibre qui lui a tant fait défaut.

Hervé Duphot signe une œuvre qui a le privilège de toucher assurément par sa simplicité mais également par sa générosité et sa naturalité. Utilisant pour cela le cadre des jardins ouvriers, l’auteur campe une intrigue terrienne prenante, révélatrice, qui va au-delà de la pratique de la motobineuse et du semis de carottes, se nourrissant de petits mystères ô combien rafraichissants et émouvants.

Le dessin se veut aussi d’une belle sensitivité. Pour le moins apaisante grâce à cette colorisation directe maitrisée, la mise en images révèle une réelle volonté de parfaire la tonalité du message au point d’y vouloir drainer une chaleur et une quiétude ambiante entreprenante. Les personnages sont pour le moins attachants comme Françoise par exemple qui, sans un mot, semble contenir tout un poids intérieur.

Un très beau roman graphique aux saveurs authentiques.

Par Phibes, le 18 juillet 2020

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