Janvier 2015 - Le Procès

Yannick Haenel et François Boucq nous font revivre, jour par jour, le procès des attentats de 2015. Ces tueries ont vu mourir une partie de la rédaction de Charlie Hebdo, des clients et des employés d’un magasin Hyper Cacher à Vincennes une policière municipale de Montrouge.

Le procès s’est déroulé de septembre à novembre 2020.

Par legoffe, le 31 janvier 2021

Notre avis sur Janvier 2015 – Le Procès

Personne n’a oublié l’horreur des attentats de janvier 2015 et l’élan populaire qui s’en est suivi pour dire « plus jamais », pour affirmer « nous sommes … », pour acclamer les policiers et refuser l’intolérance et le terrorisme.

Le terrorisme, hélas, est revenu plusieurs fois, depuis, en France. En cela, le témoignage de l’écrivain Yannick Haenel et du célèbre dessinateur de BD François Boucq, sont un éclairage édifiant sur la source de toutes ces folies, sur cet intégrisme teinté de grand banditisme. A moins que ça ne soit l’inverse.

Cet album, très qualitatif, n’est pas une bande dessinée, mais la publication de l’ensemble des articles rédigés par Haenel lorsqu’il couvrait le procès pour Charlie Hebdo. Des articles illustrés par l’impressionnant Boucq, dont les portraits des participants au procès sont d’une grande intensité. Même derrière leurs masques, victimes et accusés ne peuvent cacher leurs émotions ou leur attitude grâce à son coup de crayon.
Voilà deux hommes qui ont parfaitement rapporté ces longues semaines d’audience, eux qui ne sont pourtant pas habitués à couvrir des procès.

Le lecteur découvre ainsi des accusés qui tentent de se dédouaner, aidés d’avocats qui n’ont – parfois – peur de rien, pas même de l’indécence. Le livre nous permet aussi de prendre conscience de la constitution de tout un univers de complices, aux responsabilités diverses.

Plus loin, un chef de la DGSI explique la nébuleuse terroriste, la surveillance des extrémistes. Là encore, on tremble ou on enrage. On (re)découvre les motivations des terroristes, animés par le racisme et l’antisémitisme. Le tribunal dévoile également comment les attentats ont été préparés.

Et puis, l’émotion vient en regardant les dessins et en lisant les mots des témoins. Ils sont certes vivants, mais ils n’en sont pas moins victimes, traumatisés par ce qu’ils ont vécu.

Au delà des faits, ce procès nous ramène, bien sûr, à la question de la liberté d’expression, qui reste aussi précieuse que fragile dans une société où l’intolérance ne cesse de progresser. Que ce livre témoignage, très intense, permette à chacun de se rappeler, afin de ne pas laisser ces abominations s’installer dans nos sociétés, si chahutées soient-elles.

Par Legoffe, le 31 janvier 2021

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