JADE
Les libraires

Après un an d’absence Jade revient, avec une toute nouvelle formule, 80 pages, on reprend le principe du thème central, mais cette fois un invité d’honneur (ici il s’agit de Julien "June" Misserey, ex libraire très engagé, ne serait-ce que par le biais de l’association Chifoumi, et très actif sur la scène de la BD alternative !) qui gère l’ensemble du numéro en invitant qui il veut afin d’animer un débat, ainsi que des artistes pour se mêler aux habitués.
Et le thème choisi, cette fois, c’est "Les Libraires", ce qui permet de lorgner enfin vers l’un des acteurs le plus mésestimés dans le milieu de la BD actuelle. Ainsi nous avons droit à un long débat qui aborde la différence entre la BD "grand public" et les indépendants, qui parle du rôle du libraire, de son rapport avec le client, son rôle-conseil, ses envies, ses passions… Le tout entre coupé de BDs qui traitent aussi du même thème, que ce soit de façon humoristique, sérieuse ou évocatrice…

Par fredgri, le 28 février 2013

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Notre avis sur JADE #50 – Les libraires

A peine reçu, je me jette sur ce numéro encore tout chaud, décidé à dévorer ce débat qui s’annonce passionnant par avance ! Et passionnant il l’est sans aucun doute !
Car nous nous retrouvons entre cinq intervenants qui même s’ils se rejoignent sur une même passion n’en ont pas moins des idées qui peuvent parfois s’éloigner les unes des autres, notamment au sujet des grosses franchises, des grosses machines éditoriales ou tout simplement sur le rôle d’un libraire vis à vis de sa clientèle. Et vraiment, dès les premiers échanges c’est très intéressant, chacun intervient, respecte son voisin tout en défendant sa position de façon très claire et argumentée.

Jusqu’ici on avait plutôt l’habitude "d’entendre" soit les auteurs, soit les éditeurs, c’est donc l’occasion d’avoir un autre son de cloche, l’envers du décor et surtout de mettre en avant ce rapport très subjectif qui se construit entre un bon libraire et le lecteur de bande dessinée.
Car, avant tout, un libraire c’est un conseil, un professionnel qui peut aiguiller, qui peut soutenir un album, c’est lui qui va permettre à un passionné de s’ouvrir vers des œuvres plus obscures ou tout simplement l’amener vers des albums qu’il pourrait aimer. Il y a une spécificité à défendre, une identité qui le différencie d’une grande surface ou d’une Fnac. C’est important de lui donner ainsi la parole, c’est important de l’entendre parler de son métier, de son regard sur ce qu’il veut construire au travers de ses conseils, sans pour autant oublier qu’il y a un chiffre d’affaire à faire, qu’il faut gérer les stocks, tenir les comptes, faire des commandes, lire les nouveautés etc. C’est un ensemble, et ce dialogue à cinq met bien en évidence le lien étroit qu’il peut y avoir entre le professionnalisme, la réalité économique d’une entreprise et le cœur qui peut pousser aussi à conseiller des albums qu’il faut soutenir, qui mériteraient d’être découverts.
Je regrette un peu que la discussion se centre tout de même beaucoup sur le "métier" lui même (of course, me direz vous !) sans poser par exemple un regard de professionnel sur l’état de la BD, vu par l’intérieur. Ensuite, la discussion est très passionnelle et claire, c’est normal que certains sujets passent à l’as. 6 pieds sous terre annonce néanmoins qu’une version intégrale devrait bientôt être rajoutée sur le site, alors affaire à suivre !

Et donc, en parallèle, les auteurs maison, plus quelques invités s’expriment sur ce métier, que ce soit par le biais de leur œil d’auteur (belle caricature de Fabcaro, superbes planches de Fabien Grolleau et de William Henne…) ou de lecteur, avec de l’humour ou sérieusement, les "récits" sont toujours pertinents et intéressants !

Jade revient donc en force avec cet immanquable numéro qui séduit déjà avec cette magnifique couverture de Icinori, preuve qu’il y a encore un espace alternatif plein d’énergie, de débats passionnants, à soutenir très vivement !

Par FredGri, le 28 février 2013

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