JADE
Enfin légitime ?

Maintenant qu’elle fait l’objet de grandes expositions, de rétrospectives dans des musées, qu’elle est adaptée à tout va, que certains auteurs reçoivent même la Légion d’Honneur, la Bande Dessinée a-t elle fini par gagner cette légitimité à laquelle elle prétend ? Xavier Guilbert, le rédacteur en chef invité, se penche sur la question, il interviewe Julien Misserey, Morvandiau, Jochen Gerner et Gilles Rochier autour de cette problématique… Comment la Bande Dessinée est-elle perçue actuellement, par les intellectuels, les instances publiques, les partenaires culturels, par les auteurs eux mêmes !

Par fredgri, le 22 janvier 2015

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Notre avis sur JADE #661U – Enfin légitime ?

En ce moment, le monde de la Bande Dessinée est en pleine effervescence. Les auteurs tentent de redéfinir leur statut d’auteur, leur poids dans la machine éditoriale, la reconnaissance de leur travail. Ils s’interrogent alors sur cette fameuse légitimité, et se rendent compte qu’au final les contours de cet Art qui est leur métier sont assez flous pour la plupart de leurs interlocuteurs, même chez les lecteurs, voir même chez les auteurs eux même !

Se poser la question de cette légitimité c’est s’interroger plus globalement sur la place de la Bande Dessinée dans la sphère culturelle d’aujourd’hui. Comment sont perçus ces artistes, ces planches, ces albums dans un monde qui cloisonne, qui classe, qui hiérarchise ! Alors que de nouveaux enjeux se dessinent avec l’arrivée du marché numérique, le débat est plus que jamais d’actualité et se devine vite des plus complexes !

A travers cette démarche thématique, amenée depuis plusieurs numéros, Jade, par le biais de Xavier Guilbert (Du9.org) se tourne vers des acteurs du marché, confrontés à cette problématique.
Qu’il s’agisse de Julien Misserey ou Morvandiau au travers leur actions (salons, ateliers, résidences à l’étranger, projets associatifs et créatifs…) qui doivent sans cesse composer avec les partenaires institutionnels, avec des dossiers à monter, à défendre, des projets à porter d’un bout à l’autre en devant continuellement démontrer que la Bande Dessinée est un Art à part entière, d’une grande richesse, avec une histoire importante et beaucoup de potentialité à explorer encore et encore !
Ou encore Jochen Gerner et Gilles Rochier qui se rendent bien compte qu’en effet la Bande Dessinée est perçue de façon très différente à la fois par intelligentsia, mais aussi par les gens au quotidien…

L’ensemble du numéro est donc tourné vers ce regard posé sur un média à la base populaire, qui s’est malgré tout progressivement enrichi d’une production plus adulte, moins systématiquement tournée vers un lectorat avide d’aventure, de "détente" ! Et c’est intéressant de voir combien les questionnements peuvent varier tout en se rejoignant sur l’essentiel.
On devine un certain parti pris "auteuriste", plus indépendant, de la part de Jade, d’autant qu’ici la partie éditoriale n’est pas du tout représentée. Mais de toute façon, c’est vrai aussi que cette légitimité concerne avant tout la partie "créative" du marché, néanmoins il aurait pu être pertinent de se tourner en parallèle vers des structures avec des vrais projets éditoriaux, histoire de brosser un portrait plus large et plus exhaustif !

En attendant, encore une fois, ce nouveau Jade est passionnant, d’un bout à l’autre, avec des interrogations qui interpellent, qui ouvrent sur d’autres débats.
Dans le paysage culturel actuel il reste important de se poser des questions sur la place de l’artiste, de la Bande Dessinée, sans forcément transformer le débat en tribune polémiste bourrée de grandes phrases pédantes.

Alors je vous conseille vivement cette lecture que tout amateur de Bande dessinée devrait découvrir sans plus attendre !

Par FredGri, le 22 janvier 2015

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