A la poursuite d’Hochelaga

Durant l’hiver 1541, Jacques Cartier se trouve au Fort Charlesbourg-Royal, près de la rivière Cap Rouge. Il accueille certains de ses hommes partis en excursion et pourchassés par un groupe d’Iroquois. Irrité par la tournure malheureuse des évènements qu’il impute au Vicomte de Beaupré, il ne peut s’empêcher de penser à tout le travail réalisé précédemment pour coloniser pacifiquement cette partie du nouveau-monde. Il se remémore son deuxième voyage, en 1535, à l’issue duquel il retrouve la côte nord du Saint-Laurent, en compagnie des deux fils du roi Donnacona qu’il a domestiqués pour mieux négocier avec les autochtones. Agissant pour le roi François 1er, Jacques Cartier espère pouvoir atteindre la contrée de Sarguenay qui, d’après les iroquois, regorge de richesses naturelles. Eu égard aux liens étroits entretenus avec Donnacona, les retrouvailles avec ce dernier et ses sujets se déroulent dans une ambiance festive. Le navigateur et ses hommes s’installent alors non loin de la rivière Saint-Charles en construisant leur premier fort. C’est en ces lieux que Jacques Cartier dévoile au roi indien son intention d’aller prospecter plus à l’ouest sur le territoire du peuple d’Hochelaga, rival de Donnacona. Ce dernier lui fait part de sa désapprobation. Comment Jacques Cartier va-t-il pouvoir éviter l’affrontement ?

Par phibes, le 14 mars 2018

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Notre avis sur A la poursuite d’Hochelaga

La collection Explora de chez Glénat s’enrichit d’un nouveau volume dédié à un autre grand explorateur, cette fois-ci d’origine française, à savoir Jacques Cartier. C’est à ce dernier que l’on doit le relevé cartographique du Golfe de Saint-Laurent et la découverte du Canada au 16ème siècle.

Afin d’évoquer ce célèbre navigateur, Denis-Pierre Filippi et Patrick Boutin-Gagné s’associent sous la houlette de Christian Clot, grand spécialiste des explorations. Il nous offre l’occasion non pas de suivre toute la biographie de ce personnage mais plutôt de le découvrir dans une période ciblée, en majeure partie lors de sa deuxième expédition au nouveau-monde en 1535 et également à son retour de sa troisième équipée.

Romancé juste ce qu’il faut de façon à éviter le côté trop documentaire, le récit mis en avant retrace avec une réelle efficacité le parcours du découvreur du Canada au travers de certaines péripéties bien sélectionnées. Ces dernières ont l’avantage de bien appréhender le caractère de ce haut personnage versé plus sur la diplomatie, le respect de l’autre que sur la volonté de conquête radicale à l’instar de Roberval. Aussi, on se plait à le suivre via une belle narration dans la découverte du territoire d’Hochelaga, à la faveur d’un humanisme gratifiant qui force la considération. Evidemment, les expéditions qui nous sont contées démontrent que la colonisation du territoire iroquois n’est nullement aisée et passe par des moments de grande tension que le scénariste a traduits avec une bonne dose de subtilité.

Côté dessin, l’intervention de Pat Boutin se veut très remarquable. Grâce à un trait stylisé dont il a la maîtrise et malgré une colorisation un tantinet trop pâle, l’artiste illustre Jacques Cartier via une représentation graphique à la fois documentée (on perçoit une réelle recherche sur les iroquois et leur mode de vie), très inspirée au niveau historique et très agréable à parcourir. Les pleines pages qu’il distille dans l’album révèlent un détail bien saisissant et se veulent accompagnées de vignettes où décors sauvages, personnages de tous bords et animaux se croisent généreusement.

Un album à la facture très honorable qui a le privilège de nous éclairer sur un navigateur à la dimension humaine. A noter que ce dernier renferme un remarquable carnet historique réalisé par Christian Clot révélant certains faits sur les expéditions organisées par l’explorateur.

Par Phibes, le 14 mars 2018

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