JACK L'EVENTREUR
Les liens du sang

Dans le quartier de Whitechapel sévit un meurtrier en série, tueur de prostituées. Cinq d’entre elles ont été assassinées sans que Scotland Yard parvienne à trouver le moindre indice. Chargé de l’enquête, l’inspecteur Abberline et son équipe vont tenter de suivre la moindre piste, mais leur enquête est compliquée par la forte présence de la milice et d’un supérieur qui souhaite voir l’enquête rapidement close sur le premier suspect potentiel.
Mais le plus préoccupant c’est Abberline lui-même, enfant du quartier, malmené par ses souvenirs et qui est peut être plus impliqué dans les meurtres qu’il ne peut le laisser croire à son entourage.

Par olivier, le 21 avril 2012

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Notre avis sur JACK L’EVENTREUR #1 – Les liens du sang

Dans les ruelles sordides, labyrinthe tragique où l’on patauge dans la boue et la misère, la police peine à trouver un indice quelconque sur le tueur et les rumeurs se répandent comme des trainées de poudre malsaines. Dans de telles circonstances,
la populace a vite tendance a accuser l’étranger, le singulier, le hors sein.
Certains n’hésitent d’ailleurs pas à manipuler la foule, attisant le sentiment du peuple sur l’inutilité de la police pour laisser libre cours à la vindicte populaire, aux pogroms.
François Debois, sur une histoire qui a déjà suscité nombre de récits, donne une nouvelle dimension à cette sordide affaire en centrant le récit sur l’inspecteur Abberline et nous offre un scénario qui ne sent pas le réchauffé.
La personnalité complexe du policier aura une lourde influence sur le déroulement de l’enquète. Enfant du quartier, connaissant le dédale de ruelles comme sa poche, Abberline va se retrouver confronté à son chef, le commissaire Warren qui souhaite très rapidement étouffer l’affaire avec le premier désigné coupable, mais aussi à Lusk, meneur de la milice populaire qui œuvre pour sa propre gloire et le pouvoir sur la rue.
Mais Jack l’éventreur n’est pas un banal assassin, son mode opératoire est étrange, parfois dépeçant ses victimes comme un boucher, sauvage et irraisonné mais pouvant être aussi précis et méticuleux qu’un chirurgien, le courrier qui a été adressé à Lusk, président du comité de vigilance de Whitechapel sous sa signature ne révèle pas grand-chose et, toutes les hypothèses sont envisagées par l’inspecteur.

Mais la propre histoire d’Abberline va venir fortement perturber et compliquer sa tâche car son enquête fait remonter à la surface des souvenirs, des visages, toute une partie de sa jeunesse qui revient le hanter.

La précision d’écriture de François Debois fait ici à nouveau merveille, la magie opère, immergeant le lecteur dans cette enquête trépidante, cette course contre la montre, contre la mort, où s’entremêlent l’enquête policière, l’action des groupes de milice, la politique et la vie personnelle de l’inspecteur Abberline.
Le scénario est parfaitement maitrisé, subtilement construit sur une palette de sentiments qui déterminent les caractères très forts des personnages. Lorsque l’on croit avoir compris qui est le coupable, François Debois ouvre une chausse trappe dans laquelle toutes nos certitudes disparaissent.
La minutie de l’écriture fait qu’on ne peut pas lâcher cet album avant la dernière case et entre ce qui est dit et ce qui est simplement suggéré, presque dans le non dit ou plutôt le non écrit, tout ce pan du scénario qui peut sembler un peu anecdotique, semble t’il, car attaché à l’un des coupables sur la folie, la psychiatrie, sera relu avec d’autres yeux.
Si nous n’en sommes en ce début du XIXème siècle qu’aux balbutiements de la psychanalyse ou psychiatrie, François Debois parsème au gré des pages des indices, des signes susceptibles de faire rebondir l’histoire et ouvrant d’autres perspectives de lecture et d’enquête.

Qui se cache derrière Jack l’éventreur ? Un malade, un Lord, un médecin, peut-être plusieurs personnes. Le scénariste ouvre toutes les portes et nous laisse libre de regarder.

Si les dialogues sont incisifs et fleuris, le dessin de Poupard, inattendu dans ce registre, est remarquable.
Tout d’abord dans le rendu d’une ambiance, d’une atmosphère, les filles, les coupes jarrets, la police et même la bourgeoisie, tout un quartier, une ville, qui est suspendue aux nouvelles des journaux à sensation. Sans jamais verser dans le gore, sa représentation des assassinats, réaliste ou suggérée est pour le moins évocatrice autant que le sont les décors, riches et fouillés, habilement habillés par les couleurs et les ombres de Lopez.
Le dynamique découpage cinématographique maintien le lecteur en haleine, l’entrainant d’une case à l’autre. Le regard glisse, totalement absorbé.

Voilà un premier tome d’une série qui s’annonce tout à fait captivante.

Par Olivier, le 21 avril 2012

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