J'AI TUE...
John Lennon

Mark Chapman est arrivé à new York avec une idée bien précise derrière la tête. Se déclarant l’ingénieur qui doit sonoriser le prochain album de John Lennon, l’homme est descendu dans un foyer peu ragoutant. Touché il y a 10 ans par la Beatlesmania et pour le moins dépité de ne pas avoir lui-même connu leur succès, Chapman et ne peut s’empêcher de fantasmer sur ses prétendus liens avec John Lennon. Ayant enfin déposé ses bagages au Sheraton, il se pointe au pied du Dakota Bulding et, à l’instar d’autres fans, entame une longue attente dans l’espoir de croiser la star. Mais celle-ci ne vient pas et Chapman se voit obligé de remettre au lendemain son projet. Après une soirée passée avec une groupie et une nuit avec une prostituée, Chapman s’aperçoit qu’il a des points communs avec le héros de L’Attrape cœurs de Salinger et se promet d’acquérir le bouquin. Le lendemain, toujours bercé par ses illusions, l’homme retrouve les fans de Lennon au Dakota et entame une nouvelle attente. Mais cette fois-ci, la star est au rendez-vous. Après avoir obtenu une dédicace, Chapman file dans un bar et décide, cette fois-ci, de mettre à exécution son funeste projet en revenant le soir-même devant l’hôtel de sa cible. C’était le 8 décembre 1980 !

Par phibes, le 19 août 2016

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Notre avis sur J’AI TUE… #5 – John Lennon

Conformément au concept de leur remarquable collection qui consiste à mettre en lumière les assassins de personnages célèbres, les éditions Vents d’ouest nous offre, après Caïn, Gavrilo Princip, Pausanias d’Orestis et Charlotte Corday, un nouveau portrait d’assassin en la personne de Mark Chapman, l’homme qui a abattu John Lennon.

Pour animer cette « biographie », Rodolphe nous propose un récit efficace qui a la particularité de se dérouler deux jours avant la mort de l’ex-Beatles. Jouant sur le caractère perturbé du criminel, sur ses fantasmes imaginaires, sur son projet obscur, sur sa position de figurant à la différence de Lennon, le récit se fait fort de respecter remarquablement le déroulé de la sinistre affaire. Pour cela, le scénariste s’appuie sur des faits bien précis révélés lors de l’enquête policière qu’il dévoile sous le couvert de l’œuvre littéraire de Salinger, l’Attrape-cœurs, à laquelle Chapman s’identifie (en particulier à son héros Holden Caulfield).

Dans cette justesse narrative, Rodolphe porte un message clair, imparable, à la finalité malheureusement connue et qui virevolte efficacement au gré des tergiversations maladives et sombres de son personnage central. Evidemment, l’impact est conséquent car ce message illustré a des consonances réelles très proches.

Il va de soi que cette douloureuse histoire prend encore plus de poids grâce au travail graphique de Gaël Séjourné. Une fois encore, le dessinateur de Lance Crow Dog, Tatanka, L’appel des origines… nous enchante de son trait réaliste et humaniste qui s’est bien inspiré de la vie newyorkaise de l’année 80 et également de l’univers musical des Beatles. Le travail sur le personnage central est également habile, respectueux de sa physionomie et très évocateur de sa personnalité trouble.

Un cinquième tome des plus réussis qui a tout de même la particularité de traiter d’une affaire criminelle contemporaine dont l’initiateur continue, aujourd’hui, à purger sa peine.

Par Phibes, le 19 août 2016

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