L'invitation

Au beau milieu de la nuit, Raphaël a reçu un appel. C’était son pote Léo, en rade avec sa caisse à une heure de route de là. Le genre d’appel qui vous pourrit la nuit, d’autant plus que le Léo en question aurait pu appeler son assurance plutôt que de raccourcir la nuit de son copain, qui doit se lever tôt le lendemain matin pour aller bosser…

Enervé, Raphaël s’est recouché. Mais pas longtemps. Sa copine Helen lui a rappelé qu’être le pote de quelqu’un, c’était justement filer un coup de main dans ce genre de circonstances… Alors Raphaël est sorti et est allé retrouver Léo. Lorsqu’il l’a rejoint, une grosse surprise l’attendait…
 

Par sylvestre, le 12 mars 2010

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Notre avis sur L’invitation

On avait pris grand plaisir à lire les Petites éclipses de Jim (et Fane, aux éditions Casterman), et voilà qu’à nouveau paraît une BD dans la même veine, dont il signe le scénario : L’invitation. Une BD dans la même veine parce que cette fois encore, elle s’attache à un groupe de copains et nous parle de l’amitié qui les lie. Pour être plus précis, elle met Raphaël et Léo un peu plus au centre de la piste que les autres personnages, mais sans oublier que toutes "unités" qu’ils sont, ils font partie d’un ensemble.

Il y a moins de pages dans cette BD dessinée par Dominique Mermoux que dans Petites éclipses, et elle fait moins "exercice de style" (rapport à la distribution des rôles que s’étaient donnée les auteurs pour Petites éclipses), mais L’invitation montre toutefois une différence notoire : c’est un album en couleurs. Ce qui compte, parce que de très nombreuses scènes zooment sur les personnages (leurs longues conversations faisant la matière du récit) quand les décors dans lesquels on les voit sont très dénudés. En noir et blanc, les paysages auraient pour beaucoup pu n’être qu’une simple ligne d’horizon.

Ces lieux nus, sans âme, au milieu de rien, où des rencontres entre les personnages nous sont mises en scène, nous aident justement à nous focaliser sur les conversations, sur leurs subtilités et sur leur profondeur. Des lieux qui assurent en outre la neutralité des échanges : Léo et Raphaël se retrouvent égaux dans leurs rôles de jouteurs verbaux…

Il y a du comique et du plus pathétique dans leurs échanges. Et derrière le simple exercice argumentaire pointent les véritables thèmes de L’invitation : la qualité de l’amitié qu’on peut vouer à quelqu’un (peut-on la mesurer ?) et la part de vrai dans l’attitude qu’on peut adopter vis-à-vis d’autrui (par calcul, ou de manière à se protéger).

Quand il y a duel, il y a arbitrage. C’est là qu’ont leur importance les autres, les copains communs et les connaissances de l’un ou de l’autre. Certaines scènes sont éloquentes : les réactions de chacun ne sont pas les mêmes selon la situation et selon la manière avec laquelle cette situation est amenée. Ces scènes équilibrent la bande dessinée en élargissant par moments le casting, en la rendant donc plus vivante ; plus colorée, aussi puisqu’heureusement, tout ne se passe pas exclusivement de nuit ! Le dernier acte d’ailleurs, est en de nombreux points différent des précédents sur la forme. Il respecte cependant les thèmes sur le fond et propose une fin à l’histoire qui est d’autant plus vite amenée qu’elle sommeille finalement depuis le début en ces deux potes, Léo et Raphaël, qui vivent sous nos yeux, dans L’invitation, des épreuves que leur âge, peut-être, mais leur amitié aussi, leur avaient commandé de s’auto-infliger… Pour voir où ils en étaient.

De l’humour, des vérités, de la réflexion, aussi. L’histoire d’une sorte de bilan dressé par de vieux jeunes. Soyez vous aussi les amis de Léo et Raphaël : répondez en la lisant à cette Invitation à venir retirer aux éditions Vents d’Ouest.
 

Par Sylvestre, le 12 mars 2010

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