INTRUSE (L')
Les Israéliens

On ne peut pas aller en Palestine sans passer par Israël. Roannie le sait bien, elle qui s’y est rendue à plusieurs reprises pour témoigner sur les conditions de vie du peuple palestinien. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est aussi intéressée à Israël où elle a accumulé des contacts au fil des ans et qu’elle y est retournée pour construire le dernier tome de cette trilogie L’intruse dans lequel elle a tenu à donner la parole aux Israéliens qu’on aurait tôt fait, sinon, de mettre tous dans le même sac…
 

Par sylvestre, le 9 mars 2010

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Notre avis sur INTRUSE (L’) #3 – Les Israéliens

C’est tout à l’honneur de Roannie d’avoir prévu la réalisation de ce troisième tome se faisant l’écho du côté israélien des choses après que dans les précédents aient été consciencieusement rapportées les humiliations que subissent, par leurs voisins geôliers, les Palestiniens. Car il est vrai que témoigner en faveur d’un peuple opprimé sans chercher à trouver à la situation des explications ou des justifications du côté des oppresseurs aurait été produire un travail incomplet et laissant en outre au "mal vu" le luxe de crier qu’en plus, il n’a pas été entendu !

Dans le cadre de son engagement pour la cause palestinienne, Roannie a su tisser des liens, en Israël, avec des militants pacifistes de ce pays. Elle n’a pour autant pas, là-bas, que des amis partageant sa vision de la situation, et elle n’hésite d’ailleurs pas à faire mettre en scène au dessinateur Oko des moments qu’elle a vécus où la tension lors de conversations passionnées finissait par l’emporter sur la chaleur de l’accueil qu’elle avait pourtant reçu. Et c’est une force de sa démarche : avoir su donner la parole à tous après avoir cherché auprès du plus grand nombre des points de vues différents et ainsi montrer qu’en aucun cas, elle n’a voulu censurer quelqu’un ni donner plus de poids aux dires de l’un qu’à ceux de l’autre.

La difficulté, c’est que de ces interviews qu’a menées Roannie pour ce livre sur près de trois semaines, il ressort que les sons de cloches sont presque aussi nombreux que les personnes qui ont bien voulu répondre à ses questions ! Difficile donc de trouver une solution aux problèmes dans de telles conditions ; ce que Roannie ne prétend d’ailleurs pas faire ! Dans ce tome, elle pointe justement du doigt la diversité de ces points de vues, étais de la complexité du problème géopolitique de la région…

Comprise par les uns, fort malmenée par d’autres, on retiendra que Roannie a toujours été bien accueillie là où elle s’est présentée. Et c’est presque cela qui nous chagrinera le plus : le fait qu’à petite échelle, les gens acceptent de reconnaître qu’ils peuvent développer une amitié avec des gens qui ne partagent pas leurs opinions, mais qu’à l’échelle de deux entités étatiques, Israël et la Palestine, le geste de la main tendue soit devenu utopique à cause des bourrages de crâne orchestrés d’un côté comme de l’autre des murs de la honte qui séparent aujourd’hui (et pour combien de temps ?) des frères ennemis sur le sol de cette Terre par ailleurs qualifiée de Sainte.

Des lueurs d’espoirs scintillent ça et là, heureusement. Les aspirations d’une jeunesse moins attachée au symbole de la terre ou les vagues d’immigration ayant dilué certains idéaux en font partie. Mais ces lueurs semblent ne pas être perçues par ceux qu’elles gênent dans leurs ambitions ; et c’est le peuple qui trinque, qui d’un côté subit, et qui de l’autre tape en toute bonne foi.

Lire L’intruse aux éditions Vertige Graphic, c’est voir et comprendre autrement le conflit israélo-palestinien, au niveau du citoyen du monde que chacun de nous est avant tout. C’est accéder à une information alternative à celles que les media et les gouvernements nous assènent. Lire L’intruse, c’est s’intéresser au côté humain quand cette guerre ne devient plus, avec le temps qu’une affaire de dates et de chiffres qui finissent par ne plus nous toucher.

Merci aux auteurs.
 

Par Sylvestre, le 9 mars 2010

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