Internal lobster

Il est Occidental et il vit au Japon, mais il est surtout un homme qui a perdu les pédales après que sa compagne Yuki est morte, dans un bête accident. Alors il broie du noir et se noie dans ses pensées dans lesquelles interviennent des personnages récurrents qu’il associe à la mort de Yuki, comme la célèbre peluche Tahei ou des objets à qui il prête pour l’occasion le don de la conversation.

Il sombre, il délire, allant même jusqu’à porter secours à un homard qu’il croit reconnaître sur l’étalage d’un poissonnier, ce homard auquel il avait sauvé la vie, juste après le drame, puisqu’alors le temps n’était plus au repas de fête…
 

Par sylvestre, le 15 janvier 2010

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Notre avis sur Internal lobster

Comme le personnage principal, perdu dans ses vertiges, on a tout d’abord du mal à trouver ses repères. Les premières planches sont en effet assez déroutantes, montrant des lieux très différents (un bord de mer qu’on devine européen et une métropole japonaise), et offrant à nos yeux des dessins aux décors soit très fournis, soit inexistants, et des couleurs vraiment étranges.

L’auteur joue sur ces effets pour traduire les vertiges de son héros et lui imposer comme interlocuteurs des entités toutes aussi absurdes les unes que les autres, en tout cas à première vue, ce qui participe à donner une grande incohérence au tout.

Et pourtant ! C’est avec un sens très maîtrisé de la narration, des flashbacks et des ellipses que Laurent Colonnier mène son récit. Et lorsque tout s’éclaire à nos yeux, lorsque la réponse à nos interrogations arrive, lorsque ce qui nous apparaissait incohérent prend enfin tout son sens, on mesure à quel point l’auteur a bien su nous faire ressentir ces états par lesquels est passé son personnage projeté « hors du concret » par le malheur qui s’est abattu sur lui.

Parler de ce qui peut se passer dans la tête de quelqu’un lorsqu’il perd un être cher est un exercice difficile. Et se raccrocher à l’onirique et au subjectif n’était pas la solution clé en main pour réussir à coup sûr son récit. Cependant, le dosage de leur utilisation et de leur implication dans l’histoire est parfait dans Internal Lobster : Laurent Colonnier a su nous faire perdre pied à nous aussi, il a su nous déstabiliser et nous embarquer dans cette complexe dimension interne qui est le noyau, l’univers de sa bande dessinée.

Bravo !
 

Par Sylvestre, le 15 janvier 2010

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