INDICIBLE
Les dieux noirs

A la suite d’une expérience scientifique ratée, le professeur Matheson rentre chez lui afin de fêter en famille l’anniversaire de son fils adoptif Kyle. Il met à profit cet instant chaleureux pour lui transmettre un dossier qu’il a pu récupérer officieusement sur l’identité de la véritable mère du jeune homme. N’étant pas encore disposé à s’investir dans cette voie, Kyle et ses parents partent pour assister à un match de base-ball. C’est sur le chemin du stade qu’ils ont un grave accident, un accident durant lequel il a eu une vision monstrueuse et également la perception d’un grand danger qui menace la Terre entière. C’est d’ailleurs à cet égard qu’une entité maléfique entre en contact avec le Président des Etats-Unis et lui ordonne de lui livrer le fameux jeune homme… Sinon l’espèce humaine sera détruite. Sans tarder, des catastrophes cataclysmiques ont lieu aux quatre coins du globe. Kyle, lui, a décidé de s’enfuir de l’hôpital pour fuir ceux qui sont dorénavant à sa recherche et ainsi tenter de retrouver sa mère naturelle.

Par phibes, le 28 décembre 2012

Notre avis sur INDICIBLE #1/2 – Les dieux noirs

Après sa série d’espionnage Hunter, Patrick Renault revient dans le paysage du 9ème art via un nouveau diptyque qui mêle catastrophisme humanitaire et angoisse à la mode d’un des maîtres du genre H. P. Lovecraft (le titre choisi se veut rappeler celui d’une nouvelle du romancier) et dont il semble friand (cf. son volume paru également chez Soleil s’intitulant Les mondes de Lovecraft).

Ce premier opus est pour ainsi dire entreprenant de par le caractère de fin d’humanité dont il nous abreuve. En effet, la Terre est soumise à une invasion en règle d’entités hors du commun, particulièrement monstrueuses qui ont pour dessein de se nourrir de notre peur et de faire table rase de notre espèce. Mais cette éradication humanitaire peut être évitée à la condition qu’un jeune représentant du genre humain (le dénommé Kyle), aux prédispositions particulières (celle entre autres de ne pas être détectée directement par l’envahisseur et de percevoir ce dernier visuellement), soit livré à l’envahisseur.

De fait, alors que le lecteur ne peut que s’interroger sur le lien effectif entre Kyle et les extraterrestres, le récit reste dans des proportions indubitablement hautes en frayeur grâce au contexte d’invasion installé progressivement par Patrick Renault. Ce dernier joue particulièrement avec nos nerfs dans le face-à-face lourd de conséquence qu’il ne manque pas de camper entre la première autorité des Etats-Unis et l’envoyé extraterrestre. De même, il nous invite à une course-poursuite entre le jeune Kyle et les forces armées du Commandant Davis assurément éprouvante dont la finalité est pour l’instant indéfinie. Enfin, il nous démontre la toute puissance destructive de l’envahisseur qui n’hésite pas à faire disparaître des lieux habités.

Après avoir participé dans les sagas Luxley, La Geste des Chevaliers Dragons (tome 9), fait une parenthèse épurée dans Eloïsa et Napoléon, Francisco Ruizgé revient en force avec cette aventure anticipatrice dans des proportions graphiques plus contemporaines. Son style se veut bien convaincant de par le réalisme des situations catastrophiques qu’il ne manque pas de mettre en avant. Son encrage accentue habilement la teneur volontairement oppressante du récit, dans des aplats bien généreux. Par ailleurs, le dessin qu’il produit confirme le gros clin d’oeil à l’univers lovecraftien dans la réalisation des envahisseurs tentaculaires.

Une première partie réussie qui nous plonge dans des accents sombres de fin de monde et dont les aboutissants seront à découvrir dans le prochain tome. Kyle serait-il notre dernier espoir ?

Par Phibes, le 28 décembre 2012

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