IMMERGÉS
Günther Pulst

Le bruit des machines est assourdissant. Dans les couloirs étroits du U-Boot, ça pue. Ca pue le gasoil, ça pue la sueur, ça pue la merde, le vomi. Et ça fait un bail que Pulst, maître diesel, traîne ses galons là-dedans, à tel point qu’on l’a surnommé « Papy ». Mais ce n’est pas affectueux. Il n’est pas du genre bavard et plutôt soupe au lait. Du coup, on l’aime pas trop dans l’équipage. Et cela ne va pas s’arranger au retour de mer, lorsque les SS vont arrêter l’un d’entre eux pour « socialisme ». Beaucoup vont soupçonner Pulst de l’avoir vendu aux sbires d’Hitler. La situation pourrait-elle être pire ? Allez savoir… Ne sommes nous pas en été 1939, à la veille d’un conflit mondial ? Mais qui le sait encore ? Personne parmi les gars du sous-marin.

Par legoffe, le 20 septembre 2009

Notre avis sur IMMERGÉS #1 – Günther Pulst

Claustrophobes, passez votre chemin ! Bienvenue à bord d’un sous-marin allemand à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Mais peut-on vraiment user du mot « bienvenue » lorsqu’il s’agit de partir des semaines durant dans une boîte à sardine où toute notion de confort a été bannie ? La crasse et la promiscuité sont la norme dans ce que ces hommes appellent des cercueils flottants.

Nicolas Juncker, en se penchant sur le destin de ces soldats nazis, a vraiment choisi de nous immerger dans l’ambiance glauque et pesante des U-Boot, donnant à cet album un nom vraiment de rigueur. Ses dessins, avec leur trait noir marqué, ont déjà tendance à rendre cet univers étroit. Mais l’auteur a été plus loin pour coincer le lecteur entre deux cales du submersible. Il a joué sur le cadrage des scènes. Croyez moi, vous êtes loin, très loin du grand angle ! Chaque vue est serrée, montrant un personnage, voire deux, rarement plus. Il parvient ainsi à nous donner le sentiment d’être vraiment enfermé avec l’équipage. Une astuce encore renforcée par le contour des cases fait d’un noir très épais et les « bloms » des moteurs qui jalonnent les pages.

Mais n’allez pas croire qu’un bol d’air à l’extérieur va vous permettre d’aller mieux et de respirer. En mer, le ciel est gris, l’eau peu avenante. Quant au retour au port, il se fait entre deux brigades SS. On a connu meilleur accueil pour se sentir léger. Ainsi, le lecteur peu aussi vivre l’angoisse des Allemands surveillés par les milices, soumis aux interrogatoires, et craintifs des dénonciations.

Avec ce livre, Juncker se lance dans un récit bien documenté, très réaliste, et l’on ne s’étonnera pas qu’il ait été conseillé par le magazine Historia. Je suis maintenant curieux de découvrir la suite de cette bande dessinée dont le démarrage est très prometteur.

Par Legoffe, le 20 septembre 2009

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