Jaurès

En cet été 1914, la guerre menace toute l’Europe après l’assassinat de l’archiduc Franz Ferdinand de Habsbourg. Jean Jaurès, l’un des pères du socialisme français, met toute son énergie et tout son talent d’orateur à défendre la paix avant qu’il ne soit trop tard. Il a déjà compris que cette guerre, si elle avait lieu, prendrait une dimension mondiale et qu’elle verrait tomber des millions de vie, ruinant l’Europe.

Le fondateur du journal “L’Humanité”, qui a déjà une immense carrière politique, qui s’est engagé par le passé pour les mineurs ou pour Dreyfus, mène ici son ultime combat.

Par legoffe, le 3 août 2014

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Notre avis sur Jaurès

A l’occasion des cent ans de sa mort, Glénat et Fayard ne pouvaient manquer d’intégrer Jaurès à leur nouvelle collection “Ils ont fait l’Histoire”. Pour réussir l’exploit de rassembler en un seul album la quintessence de l’esprit de cet homme politique majeur de la France moderne, ils ont fait appel à Morvan et Voulyzé, au scénario, appuyés par l’historien Vincent Duclert.

Et l’on peut dire que l’objectif est atteint. S’ils choisissent de partir de l’été 1914 et du combat mené par Jaurès pour éviter la guerre, ils n’en oublient pas pour autant plusieurs autres de ses grandes actions politiques, grâce à d’habiles flashbacks. Cela commence par la cause des mineurs de Carnaux (Tarn) en 1892, mais aussi sa défense de Dreyfus ou encore, évidemment, la création du journal “L’Humanité” dont on retrouve de nombreux extraits dans la bande dessinée. L’occasion d’apprécier le style des journalistes qui, à l’époque, fleurait la bonne littérature et le romantisme. Un autre temps…

Cette biographie s’inscrit toutefois essentiellement dans la course contre la guerre menée par Jean Jaurès. Grâce à ce livre, le lecteur découvre comment cet homme, et quelques autres socialistes – dont des Allemands – tente d’arrêter la machine infernale.

Les auteurs s’intéressent aussi à la personnalité de l’homme clé du SFIO et nous font partager un peu de son intimité.

Bien sûr, l’album restitue de nombreux extraits des discours de Jaurès. Impossible, en effet, de passer à côté de cet aspect tant il jouit, à juste titre, d’une réputation d’orateur hors paire. Ses longs monologues, impressionnants, étaient un modèle littéraire. D’ailleurs, il n’est pas toujours facile à appréhender et la lecture de certaines planches nécessite une réelle concentration et engendre parfois un décrochage. Il n’est, heureusement, que temporaire et l’énergie que met Jaurès à sauver la paix nous happe à nouveau dès la planche suivante.

Quittons le verbe haut pour le beau coup de crayon. Car Macutay, que je ne connaissais pas, est un dessinateur de talent. Avec son style réaliste et et un grand souci du détail, il rend, lui aussi, hommage à Jaurès. L’exercice est d’autant plus réussi qu’il n’avait pas la tâche facile en raison des nombreux textes qu’il fallait intégrer aux planches. Pour autant, à aucun moment on a le sentiment que le dessinateur ne se fait dépasser par les impératifs biographiques. On sent, au contraire, une parfaite maîtrise dans la mise en page et une reconstitution impeccable de la Belle Epoque qui est alors à son crépuscule.

En un seul album, le lecteur pourra donc bien faire connaissance avec Jean Jaurès. Un gageur certes, mais le pari est réussi. De plus, en cette date de triste anniversaire, et à l’occasion de la première édition, l’éditeur offre, en prime, une édition de la première Une de l’Humanité.

Par Legoffe, le 3 août 2014

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