ÎLE AU POULAILLER (L')
Tome 1

La mer océane peut être une manne des plus lucratives lorsqu’il s’agit de recueillir des trésors envoyés par le fonds à la suite de tempêtes tropicales. William Bot, pirate de son état, le sait pertinemment et use de son influence flibustière pour s’accaparer cette marchandise de valeur récupérée par d’autres. Mais le cœur n’y est plus et les abordages et actes dont il est responsable ne semblent plus le combler. Aussi, lorsqu’il se fait doubler par un homologue, de surcroît féminin et effronté, il n’entrevoit qu’une seule solution pour venger son honneur bafoué : engager la poursuite illico même si ça ne fait pas plaisir à certains.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur ÎLE AU POULAILLER (L’) #1 – Tome 1

"L’île au poulailler" est l’un des premiers albums (après "Petites hontes enfantines") que réalise en solo Laureline Mattiussi, jeune auteure issue du collectif de "La maison qui pue" d’Angoulême. Pour ce faire, cette dernière a décidé de prendre le large en contant une histoire de piraterie. Une de plus, allez-vous dire ! Certes, rien qu’en ce début d’année 2009, pas moins de 11 albums sur ce thème sont parus dont au moins 4 en ce mois de mai ("Le siècle des ombres", "Les contrebandiers de Moonfleet", "A bord de l’étoile Matutine" et le présent). Malgré toute cette profusion, le tome de Laureline Mattiussi a sa place car il développe une ambiance flibustière que l’on ne trouve pas chez les autres.

A ce titre, elle s’accapare l’image traditionnelle du pirate pour la façonner à sa manière et la restitue dans une sorte d’apathie générale portée en premier lieu par le personnage principal, le capitaine flibustier William Bot. Ce dernier se dévoile comme un être usé, ayant perdu son appétit de conquête et blasé par les quelques missions qui lui sont données par le gouverneur.

Cette inertie est toutefois contrecarrée par les irruptions intempestives d’un adversaire exceptionnel incarné par une rouquine à tresse, aussi habile de la langue que du pistolet. Aussi, l’aventure prend des coups de sang, vire de bord et se transforme en poursuite. De même, il y a de la trahison se transformant en mutinerie dont les répercussions viennent engluer le maître du bord et ses coéquipiers.

De fait, Laureline Mattiussi diversifie ses péripéties tout en leur faisant prendre avec un certain humour une envolée aventureuse. Nourrissant son récit de dialogues simplistes, sans fioritures encombrantes, elle guide le lecteur, originalement et dans une fraîcheur juvénile perceptible, vers une destination où la gente avicole a sa place.

Cette jeunesse se ressent également au niveau des graphiques qui ont tendance à être comparés à ceux de Christophe Blain. Style épuré, personnages torturés voire dégingandés, simplicité représentative, colorisation primaire, tels sont les ingrédients qui composent son univers pictural fortement atypique et potentiellement marquant, couchés sur un papier luxueux à fort grammage.

Flibustiers amateurs, l’heure est à l’abordage, celui d’une aventure boucanière qui sent bon la poudre et les embruns.
 

Par Phibes, le 6 juin 2009

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