IL ETAIT UNE FOIS EN FRANCE
Le petit juge de Melun

Au lendemain de la seconde guerre, Madame Scaffa requiert l’ouverture d’une enquête judiciaire par le juge Legentil sur l’obscur assassinat de son fils de 19 ans, Robert. Pourtant engagé dans la résistance, il a été considéré par ses détracteurs comme un traitre et a été sauvagement abattu spar ces derniers ans aucune forme de procès. En ouvrant le dossier, le magistrat découvre rapidement ceux qui ont commandité le crime. Il s’agit d’autres personnalités de la résistance, en particulier le massif Lucien Piednoir dit Bourguignon et le puissant Joseph Joanovici dit Spass. L’affaire aurait pu être rondement menée si les personnes en question n’étaient pas considérées comme de véritables héros et bénéficiaient d’un courant de sympathie jusqu’aux plus hautes autorités nationales les rendant ainsi invulnérables. Pourtant, malgré le dénigrement ambiant, le petit juge de Melun va tout tenter pour les faire tomber, même envisager le pire…

 

Par phibes, le 13 septembre 2011

Notre avis sur IL ETAIT UNE FOIS EN FRANCE #5 – Le petit juge de Melun

C’est toujours avec un réel plaisir que l’on se replonge dans les péripéties historiques du fameux ferrailleur français Joseph Joanovici relatées par un tandem d’auteurs en pleine possession de leur sujet.

Pour les besoins de ce cinquième épisode, Fabien Nury lâche quelque peu la bride au personnage central et à l’ambiguïté qu’il soulève pour se focaliser essentiellement sur le magistrat que l’on connaît pour l’avoir croisé dans les planches du premier opus et qui va ébranler la notoriété de ce dernier. Par ce biais, le scénariste nous délivre les prémices de son implication dans l’affaire et sa douloureuse instruction plombée par des menaces les plus viles, par des pressions abominables qui pourraient avoir raison de son intégrité. L’opposition qui en découle est dure, passe par de nombreuses étapes que Fabien Nury expose avec adresse, crûment, et nous fait apprécier l’inégalité des forces en présence. Aussi, il la fait évoluer de manière à prendre, grâce à l’entêtement hors norme du juge, un tournant des plus surprenants.

Le récit fait toujours preuve d’une tension extrême portée par la personnalité équivoque du ferrailleur et de fait, nous captive. La biographie qu’il a construite excellemment suscite un trouble permanent dû à la puissance de cet homme affairiste, véritable tisseur de toile en temps de guerre, et à sa bonhomie tout à fait commune. A cet égard, la série ne démérite pas le Prix de la Série décerné à Angoulême.

Sylvain Vallée réussit un parcours graphique qui confirme un talent remarquable. Un brin caricatural, son trait qui fait appel à une époque après-guerre, peut prend des élans de dureté extraordinaires et faire preuve d’une certaine affectivité, surtout quand il s’agit de représenter le personnage clé de cette aventure. On sent que l’artiste est passé maître dans la façon de croquer les expressions, dans des gros plans maîtrisés, dans des effets simples et efficaces. En particulier, le juge Legentil se voit exposé à toutes les formes de représentation, perdu dans ses réflexions intimes et sa volonté de faire justice coûte que coûte.

Un cinquième épisode mené tambour battant dans une opposition forte et imparable qui confine la série dans un registre biographique que beaucoup de lecteurs apprécieront à sa juste valeur.

 

Par Phibes, le 13 septembre 2011

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