IL ETAIT UNE FOIS EN FRANCE
La Terre Promise

Le 6 juillet 1949, alors qu’il comparaît devant la Cour de Justice de Paris pour collaboration durant la dernière guerre, Joseph Janovici surnommé le petit ferrailleur parvient à assurer sa défense avec une certaine habileté. A l’issue de la séance, son avocat se déclare même confiant sur les conclusions du procès. Toutefois, afin de mettre toutes les chances de son côté, il demande à son assistante dévouée Lucie de contacter le truand Jo Attia de façon à ce qu’il fasse pression sur les jurés les plus défiants. De son côté, le juge Legentil, détracteur de la première heure, qui a assisté à l’audience, est plutôt amer et trouve la possibilité d’approcher un des jurés en le sensibilisant indirectement sur l’affaire meurtrière Scaffa à laquelle Joseph est liée. Le verdict tombe sans appel et condamne le petit ferrailleur à plusieurs années de prison et à une très lourde amende. C’est le début d’une longue déchéance, attisée dans l’ombre par le petit juge de Melun…

Par phibes, le 3 novembre 2012

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Notre avis sur IL ETAIT UNE FOIS EN FRANCE #6 – La Terre Promise

Après nous avoir tenu en haleine pendant cinq albums, Fabien Nury vient avec La Terre Promise clôturer définitivement son évocation historique inspirée de la destinée de Joseph Janovici, dit Monsieur Joseph, dit également le petit ferrailleur.

Ce sixième tome, ô combien attendu, remet évidemment les deux personnages clés de l’histoire, à savoir d’un côté le juge de Melun Legentil et de l’autre le fameux Joseph. Dans cet antagonisme ambiant pour le moins écrasant, le lecteur est appelé à vivre la lente descente aux enfers de cet homme au parcours ambigu, pour les uns, collabo et pour les autres, bienfaiteur, dénigré par l’acharnement d’un magistrat entêté. A cet égard, on ne pourra que saluer la façon dont Fabien Nury a distribué les rôles, toujours sur le fil du rasoir, dans une rigueur et une structuration scénaristique exceptionnelles. Tous ses personnages sans exception, que ce soit du truand notoire au défenseur de la justice en passant par la fille vindicative entre autres, ont une présence hors norme, démontrant ainsi que l’artiste est loin d’avoir bâclé son travail et a étudié en profondeur chaque caractère.

Cette fin d’opus donne beaucoup de poids aux deux adversaires. L’un, ferrailleur de son état, se voit promis à une déliquescence sans précédent. Touché de plein fouet par le drame et l’isolement, ce dernier démontre toutefois une ressource inhabituelle. L’épisode de Mende en est l’exemple frappant. L’autre, dévoré par son obsession, abandonne famille et vie sociale, pour se focaliser uniquement sur une vengeance ardente. Dans ce mélange de caractère, l’émotion trouve sa place et nous promet, dans l’éclatement de la vérité finale, des moments de regrets imparables.

Au niveau graphique, Sylvain Vallée boucle la boucle avec brio également. Son style, doté d’un réalisme historique que l’on a pu apprécier tout au long des six épisodes, a réellement donné du coffre à cette biographie. Que ce soit au niveau des personnages, caricaturés de façon à les rendre plus convaincants dans leurs actions, leurs expressions ou audacieusement travaillés dans leur vieillissement, au niveau des cadrages superbement réalisés, au niveau des décors riches en détails, ce dessinateur démontre son potentiel à travailler sur de grandes envergures.

Fin d’une histoire biographique superbement orchestrée par un duo d’auteurs au faîte de leur talent qui a eu le privilège d’être reconnue unanimement par la presse et qui a reçu le prix de la série en 2011 à Angoulême. Un gage de très grande qualité pour une saga à lire urgemment !

Par Phibes, le 3 novembre 2012

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