IL ETAIT UNE FOIS EN FRANCE
Aux armes, citoyens !

En ce mois de juillet 1944, les forces alliées se rapprochent progressivement de la capitale française. Aussi, la partie dangereuse que Joseph Joanovici, trafiquant adroit, a joué durant ces dernières années d’occupation à tirer le meilleur profit sur les deux tableaux antagonistes, risque sous peu de se retourner contre lui. Considérant l’engouement que l’arrivée des libérateurs engendre dans les rangs de la résistance, Joseph n’a d’autre choix que de s’assurer une sortie sans gros dégât pour sa personne et se doit de composer avec les nouveaux maîtres de Paris. Faisant fi de tout scrupule, ravalant sa fierté et reniant les liens d’autrefois, il participe activement à l’épuration en dénonçant d’un côté et en sauvant de l’autre. Mais en sortira-il indemne pour autant ?

 

Par phibes, le 29 octobre 2010

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Notre avis sur IL ETAIT UNE FOIS EN FRANCE #4 – Aux armes, citoyens !

La destinée ambiguë de Joseph Joanovici, ferrailleur d’origine juive, se poursuit en ce quatrième épisode qui vient clore un premier cycle concernant les activités équivoques de ce personnage durant l’occupation.

A peine s’est-il remis de sa première partie de La mort de Staline publiée en ce même mois par Glénat, que Fabien Nury voit à nouveau son nom fleurir les étalages dans la suite très attendue des pérégrinations opportunistes de "Joano". Celles-ci renforcent l’ambivalence de ce personnage controversé et viennent, sous l’effet d’un compte-à-rebours immuable, le pousser dans des retranchements radicaux, où les décisions qu’il prend sont synonymes d’arrestations et tueries sauvages. Aussi la précipitation est de mise et le ferrailleur joue des coudes de plus en plus serrés au gré de décisions aux conséquences imparables.

L’étude psychologique de Joseph est excellemment menée et rend palpable les tiraillements internes auxquels celui-ci est soumis. Fabien Nury porte son histoire haut la main dans une configuration double qu’il gère à merveille. Son personnage qui, dans les premiers épisodes avait une main mise inébranlable sur tout ce qu’il entreprenait subtilement, semble pris ici à son propre piège. Les choix qu’il doit faire en cette occasion extrême sont durs de par le fait qu’il se trouve en position de faiblesse. La peur devient sa nouvelle compagne et l’introduit, lui qui a construit un empire avec une assurance légendaire, dans une course désespérée à la sauvegarde et dans un dégrisement amer.

Beaucoup de tension est à relever dans cet opus qui nous offre un moment de lecture d’une force évocatrice probante. Les faits d’armes sont pléthores, les tergiversations de Joseph sont lourdes de conséquences, les dénonciations qui en découlent, attristantes.

Cette puissance dans l’évocation passe inévitablement par le dessin de Sylvain Vallée qui, une fois de plus, utilisant un découpage cinématographique, nous dévoile des scènes de temps de guerre pesantes. Son personnage clé, de par sa bonhomie naturelle qu’il a su lui donner, trompe son monde et se révèle, grâce au style ajusté et expressif du dessinateur, dans des dispositions psychologiques multiples.

Aux armes, citoyens ! est un excellent épisode réalisé par deux auteurs au faîte de leur talent, qui marque un grand tournant dans la destinée d’un personnage pour lequel la question suivante se pose : est-il réellement un héros comme certains le prétendent ou un traître comme d’autres le susurrent ?

 

Par Phibes, le 29 octobre 2010

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