I.D.

Ils sont trois, ils souhaitent chacun changer de corps, pour une raison qui leur est propre. Ils font alors appel à une entreprise qui propose de transférer leur cerveau dans un nouvel "habitacle"…

Par fredgri, le 30 décembre 2016

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Notre avis sur I.D.

Préalablement publiée en deux parties dans les deux premiers numéros d’Island, une série anthologique co-éditée par Brandon Graham et Emma Rios elle même, l’histoire d’I.D. nous envoie dans un futur plus ou moins lointain, ou le transfert de cerveau est enfin possible (ce qui, pour l’instant, n’est qu’un vague fantasme) ! Les trois protagonistes entreprennent de changer de corps pour soit assumer enfin une sexualité perturbée, retrouver une jeunesse perdue ou simplement gagner une nouvelle identité ! C’est pour eux l’occasion de discuter de leur véritable motivation, de ce problème moral qui se présente à eux et de prendre réellement conscience des enjeux médicaux auxquels ils doivent maintenant faire face. Car, malgré tout il y a une part de risque, d’autant que l’âme doit ensuite réapprendre à s’adapter, à traverser ainsi une période de doute, limite dépressive…

Pour construire son scénario, Emma Rios s’est adjoint l’aide de son ami neurologue Miguel Alberte Woodward, afin de rester cohérente et crédible. Et c’est vrai que les passages "techniques" sont assez précis et impressionnants ! Néanmoins, Rios ne propose pas ici une histoire médicale, mais bel et bien une plongée intimiste dans un choix que font trois personnes, un choix qui va résolument bouleverser leur vie !

Au départ, on découvre ces trois personnages, Noa, Charlotte et Mike assis dans un bar. Ils boivent un coup ensemble. Ils viennent de prendre conscience de la vérité clinique qui les attend. Ils discutent, se découvrent seulement. On devine que dans la rue, sous la pluie, explose une manifestation organisée par un mystérieux groupe qui combat l’esclavagisme dans les mines de Deimos, une des deux lunes de Mars. Les choses dérapent sous la violence des forces de l’ordre et nos trois "amis" se voient forcés de s’enfuir pour ensuite se réfugier dans l’appartement de Charlotte. On comprend qu’une sorte d’amitié complice se forme alors, dans l’épreuve, tandis qu’ils se sentent attirés les uns par les autres.
Discuter du corps force le regard à être curieux !

On est un peu entre déstabilisé, car cette histoire de mouvement "terroriste" n’est plus du tout abordée ensuite (elle ne sert que de cadre pour installer le ton SF, que finalement, à part ces motivations on ne sait pas grand chose d’autre de ces trois personnes… Tandis que Rios ne semble visiblement s’intéresser qu’aux états d’âme de notre trio ! Elle créé ainsi une atmosphère très lente et posée, loin d’une éventuelle gravité qu’on pourrait penser trouver dans l’intrigue.
C’est très habilement mené, avec beaucoup de subtilité, appuyé par un dessin très doux, qui n’en fait pas trop, qui reste vraiment très agréable (il faut dire que tout est imprimé en encre rouge, cela confère à l’ensemble une étrange ambiance, très intéressante !)

On connait Emma Rios avec ses travaux chez Marvel, avec Pretty Deadly ou Mirror: The Mountain chez Image, on la découvre ici auteure complète, très à l’aise dans cet exercice et on espère la retrouver très vite seule aux commande d’un autre récit !

Très conseillé !

Par FredGri, le 30 décembre 2016

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