HUMAN TARGET (VF)
Volume 1

(Human Target vol.1 1 à 4 + Human Target: Final Cut + Human Target vol.2 1 à 5 + Action Comics 419)
Christopher Chance est le "Human target", un homme qui propose ses services pour prendre l’identité de tel ou tel client sur lequel pèsent des menaces de mort.
Mais il est fatigué, troublé aussi par ces jeux de personnalité, il envisage de se retirer de ce métier. Néanmoins, alors qu’il fait face à la troublante Emeraude, une tueuse à gage qui doit l’éliminer, il se rend compte… qu’il n’est finalement pas Chance, mais son jeune associé, Tom Mc Fadden. Commence alors une étrange course contre l’illusion, ou les vies se mélangent, se troublent… Le véritable Human Target va devoir reprendre tout ça en main !
Plus tard, alors que Christopher est redevenu le "vrai" Human Target il est engagé par un acteur qui lui demande de prendre sa place afin de le protéger d’un tueur qui élimine les stars d’Hollywood !
Mais cette histoire laisse Christopher particulièrement chamboulé, il a du mal à complètement retrouver ses esprits. En effet, il a dorénavant le physique de Frank White, son dernier client, il vit avec la femme de ce dernier et semble même avoir du mal à sortir de cette identité. A force de jouer avec son identité, de devenir tout le monde et n’importe qui, il perd un peu les pédales et finit par ne plus savoir qui il est lui même… !

Par fredgri, le 6 août 2014

Notre avis sur HUMAN TARGET (VF) #1 – Volume 1

Ce volumineux album revient sur la reprise du personnage de Christopher Chance sous la plume très inspirée de Peter Milligan… 376 pages absolument exceptionnelles !

Sortie en 1999 aux Etats-Unis, la première mini série eu un succés immédiat ! En effet, le scénariste Peter Milligan (Shade, X force, Minx…) est alors en pleine forme.
Réputé pour ses scénarios précis, déjantés mais particulièrement originaux, cet anglais fait partie de la génération anglaise de la fin des 80’s, les fils spirituels de Moore. Ce qui marque tout de suite dans l’écriture de l’histoire c’est la finesse du ton et surtout l’incroyable étude psychologique des protagonistes. Milligan entre dans la tête de tout les personnages, transcrit leurs pensées dans des monologues intérieurs envoutants, leurs demande de choisir entre leur vies privées et leur carrières, il nourrit l’illusion, nous demande de nous poser des questions. C’est très troublant et vraiment j’ai adoré me précipiter dans cette aventure et tenter de déméler tout ça. Fascinant.

Le dessinateur, Edvin Biukovic (Grendel, Star Wars) était alors lui aussi au mieux de sa forme. Ses planches sont magnifiques, un doux réalisme très souple, très contrasté. Quelques mois après la parution de cette histoire, il mourrait alors qu’on lui prédisait la gloire…

D’entrée, Milligan marquait "Human Target" de son style plein de virtuosité scenaristique, une virtuosité qu’on retrouvait graphiquement, un vrai modèle du genre ! En "jouant" avec l’illusion, en nourrissant son personnage principal de doutes, voir même de blessures psychologiques, il lui ajoutait une dimension qu’il n’avait pas jusque là. Car le personnage créé par Wein et Infantino (on retrouve en fin de volume, justement, le tout premier épisode, paru en back up dans Action Comics 419) n’avait pas cette complexité, les intrigues tournaient davantage autour des habituels thèmes propres aux récits d’espionnage, classiques mais efficaces. Toutefois le personnage n’a jamais réellement réussi à se distinguer, restant la plupart du temps en arrière plan. Il faudra attendre que Milligan se penche sur son cas pour le revoir gagner de l’épaisseur.

Paru en 2002 le Graphic Novel "Human Target: Final Cut" est haletant, du pur polar intimiste à souhait, un très adroit mélange entre série noire classique et modernité ! Le scénariste est cette fois accompagné par Javier Pulido ("Robin, year one", "Catwoman") ! Et le résultat est vraiment très intéressant.

Tout d’abord Milligan garde ici la même approche, il met toujours en avant les pensées de ses personnages, nous permettant de suivre les doutes et les troubles de la personnalité de ce Human Target qui doit s’imprégner de ses rôles, doutant de plus en plus de sa propre identité ! Cette écriture est très fine et nous entraine vers des lieux très intriguants, on n’est plus dans une narration dite normale, car peu importe les détails ici, seuls comptent les impressions des personnages (la séquence ou il rencontre pour la première fois la belle Mary est superbe de profondeur !) et le rapport qu’ils entretiennent entre eux !

Pour le dessin, Pulido a un trait assez minimaliste, mais magnifique aussi, et c’est vraiment en parfaite adéquation avec l’approche de Milligan, ici encore pas de détails superflus, juste des expressions, des regards et de l’efficacité !

Ce serait dommage de ne pas parler aussi du fantastique coloriste Dave Stewart ("Hellboy"…) qui amène de telles ambiances, un travail sur les teintes absolument magnifique que l’ensemble de ce récit de 92 pages en est complètement transcendé !

Suite au "succès" de la mini série et du Graphic Novel, DC s’est décidé à lancer un série autour du Human Target. Peter Milligan garde son approche introspective du personnage et nous comprenons très vite que le creux de la série va tourner autour des dérèglements identitaires de Chance qui finit par se perdre, qui est il ? Chance ou White ?
Il finit par se lancer des défis, se menacer lui même pour tenter de retrouver la voie qui le mènera à la tranquillité.

Cette série démarre donc moins sur les chapeaux de roue que les histoires précédentes, on est parfois même dans une sorte de contemplation très intéressante, mais, néanmoins l’étude des personnages continue d’être passionnante. Milligan mène sa barque avec un art du dialogue, de la pensée brute qui est fascinant, là encore c’est moins les détails que l’intrigue en elle même qui captive.

Trois histoires dans ces cinq premiers numéros.
Tout d’abord, la conclusion directe de Final Cut, Christopher assume l’identité de White car il est heureux auprès de Helen, mais très vite il commence à douter et veut s’échapper de cet enfer qu’il se construit. Il arrive ensuite à New York et décide d’aider un homme qui veut prendre sa revanche contre un patron despotique. Et finalement, il incarne un joueur de base ball qui veut savoir qui a bien pu tuer son coéquipier.

Ce volume se conclue donc sur un constat plein d’espoir. La série tient complètement la route et Milligan démontre qu’il a encore pas mal d’idées à mettre en scène autour de Chance et de ses problèmes d’identité. Peut-être que parfois c’est un peu tiré par les cheveux, mais je trouve que tout reste au service d’une introspection qui ne cesse de troubler la lecture !
Urban nous offre ainsi un album que je vous conseille très vivement, histoire de bien se rendre compte de l’incroyable potentiel qui réside dans les comics actuels !

Par FredGri, le 6 août 2014

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