L'homme sans reve

Stan est concepteur et présentateur d’émissions de télévision. Ses programmes de téléréalité à scandale lui valent d’être plébiscité par le public, mais dans cet univers où le spectateur est avide de sensations et de mises à mort intellectuelles, il doit en faire toujours plus.
Son but : s’élever, sans état d’âme, beau parleur et manipulateur, il profite de la crédulité des candidats qu’il recrute. Pourtant, dans cette vie de gagnant, il se découvre une fracture, peut-être un soupçon d’humanité qui lui remonte de l’enfance.

Par olivier, le 15 octobre 2011

Notre avis sur L’homme sans reve

Stan est l’archétype du sale type, de l’ordure moderne, prêt à tout pour réussir. Aucun sentiment ne l’anime que sa propre réussite et il piétine les autres, dans la vie professionnelle ou privée, sans y prêter la moindre importance. Il y a une certaine forme de deshumanisation dans les rapports qu’il entretient avec les autres, une froide distance qu’il instaure.
Il ne prend pourtant pas de plaisir particulier ou pervers à humilier ses candidats, simplement il les méprise pour ce qu’ils font, jouer à pile ou face, perdre et ne pas vouloir assumer ensuite.
Le récit oscille entre un quotidien, parfois sordide, et une part de rêve qui s’introduit subrepticement, un peu trop peut-être car la ligne de démarcation n’est pas toujours très nette à la lecture.
Ce rêve, c’est une petite fissure, un regret enfoui, une part d’enfance et d’innocence qui affleure la conscience de Stan.

Il est des albums atypiques et rares dont la parution tranche sur la déferlante de nouveautés, des albums attachants que l’on ne referme pas sans une pointe de nostalgie. Ce sont ces albums qui vous parlent directement, au travers des personnages de fiction, c’est de vous dont il s’agit. Des compromissions, des rêves abandonnés sur l’autel de la réussite, de toutes ces petites choses qui construisent notre vie, effaçant l’innocence au profit du matériel.
Le scénario de Joseph Safieddine est subtilement mis en image et en aquarelle par Olivier Bonhomme qui enferme Stan dans une ville verticale, étouffante avec pour seules issues le sommet de ces tours de verre, symbole de réussite sociale, ou bien la mer, symbole de liberté et de bonheur.
S’il revendique dans son dessin un souffle de Nicolas de Crécy, je retrouve du Folon dans l’inspiration d’Olivier Bonhomme, pour la part de légèreté et de poésie dont son trait est imprégné. D’ailleurs, il me semble avoir croisé au détour d’une case l’homme aux poissons.

Manolosanctis, maison d’édition participative, poursuit avec bonheur et éclectisme son choix éditorial pour notre plus grand plaisir.

Par Olivier, le 15 octobre 2011

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