L'homme qui n'existait pas

Léonid Miller est développeur de site et se complait tout particulièrement dans sa façon d’exister. Célibataire, grand solitaire devant l’Eternel et uniquement passionné de cinéma, il évite aisément le contact avec son prochain qui, pour lui, est superflu voire source de problèmes multiples. Jusqu’au jour où, à la suite d’une séance cinématographique, il s’aperçoit qu’il est devenu totalement immatériel, invisible pour son entourage. Serait-il mort ? Se serait-il transformé en fantôme sans s’en apercevoir ? Sans réellement trouver de réponses, son inexistence se prolongeant, il finit par perdre ses objets les plus chers, son appartement et entame une errance qui ne tarde pas à l’amener à s’intéresser à Françoise Angelli, une star montante du cinéma. Est-ce que le contact de cette dernière pourra lui faire comprendre ce qu’il est devenu ?

 

Par phibes, le 23 mars 2012

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Notre avis sur L’homme qui n’existait pas

Après son adaptation du roman de Marcel Aymé, La belle image, paru chez Futuropolis, Cyril Bonin poursuit sa carrière en solo et a choisi de rester, toujours sous la bannière du même éditeur, dans une même thématique fantastique, une thématique des plus intéressantes par son côté original et humaniste.

Pour cela, l’auteur nous donne rendez-vous avec une histoire toute en sensibilité, mettant en présence un personnage commun qui a toutefois la particularité de vivre en marge de son entourage. Ce mode de vie qui, en soi, se réfère à un constat sociétal (l’isolement assez fréquent des personnes), donne lieu à une mise en scène subtile. En effet, Cyril Bonin se joue de ce thème en poussant son raisonnement jusqu’au bout (à force de chercher la solitude, on finit par ne plus exister pour son entourage) et entre, de fait, dans une nouvelle dimension, le fantastique "mesuré".

A cet égard, on lui saura gré de l’évocation surprenante du cheminement de Léonid Miller ayant perdu ses repères matériels, qui suit une évolution simple et efficace sur fond d’ambiances cinématographiques, donnant lieu à d’intenses réflexions intimistes très soignées jusqu’à la rencontre avec Françoise Angelli, chez laquelle il va trouver un écho… et une réponse. La douceur du propos vient s’associer à une étude psychologique remarquable, Cyril Bonin trouvant la juste compromission pour nous sensibiliser, à force de situations, de mots et de sentiments, sur le sort de ses personnages et sur son appel indirect à la communicabilité entre les êtres.

Au niveau du dessin, l’artiste reste maître du style qu’on lui reconnaît entre tous et qu’il a su impulser avec sa série Fog et faire évoluer depuis. Son trait reste sobre tout en évoquant le maximum de choses. Ses personnages gardent une ligne particulière, élancée et laissent transparaître, de par la posture de la tête ou l’inclinaison des yeux, un bon flot d’émotions. Cyril Bonin ne se départit pas de la palette de couleurs dont il a la maîtrise et, à ce titre, grâce à des effets peu sophistiqués, parvient à nous faire sentir l’état d’immatérialité de Léonid.

Un très beau récit tout en sensibilité à porter au crédit d’un auteur complet qui fait preuve d’un talent montant. Coup de cœur !

 

Par Phibes, le 23 mars 2012

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