L'homme qui inventait le monde

A la suite de sa dernière mission spatiale qui a mal tourné, le capitaine John Bowman, navigateur hors pair spécialisé dans les missions d’exploration, se retrouve sur Dakar 3, une île artificielle proche de la baie de Dakar. Là, malgré ses cauchemars récurrents, il jouit d’un repos réparateur tout en étant soumis à une batterie de tests. L’arrivée de sa voisine immédiate, le lieutenant Charlène Barrymore, va quelque peu égayer son séjour. Cette dernière, elle-même en congés, lui permet d’échanger sur leurs situations, sur la guerre extraterrestre qui fait rage et plus particulièrement sur le fait qu’ils font l’objet en ces lieux d’une surveillance constante. Alors que les cauchemars continuent à grever son humeur, John décide de fuir sa résidence dorée. Il persuade Charlène de le suivre dans sa fuite sans savoir qu’ils vont être suivis à leur insu par les services du Général Sawyer. Pourquoi une telle filature ? Ne serait-ce pas le fait que John a acquis un pouvoir terrible qui pourrait peut-être modifier le cours de la guerre ?

Par phibes, le 18 avril 2021

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Notre avis sur L’homme qui inventait le monde

En marge de Kenya (saisons Namibia et Amazonie), la saga au long cours partagée avec Leo, Rodolphe (très en forme en ce début 2021) et Bertrand Marchal s’associent le temps d’une équipée futuriste complète au titre pour le moins énigmatique.

Sous le couvert donc d’une préface de leur confrère, les deux artistes nous transportent dans un récit encore une fois bien huilé, animé par un scénariste volubile qui a la grande maîtrise de ces sujets fantastiques et qui les restitue certes assez linéairement et classiquement. Dans un contexte de guerre entre les terriens et extraterrestres, Rodolphe fait en sorte de laisser ce conflit en fonds sans grand détail et de surtout se focaliser sur deux personnages principaux, John et Charlène, deux militaires œuvrant dans les programmes spatiaux. Plus spécifiquement, John reste le pivot de cette aventure futuriste eu égard à ses cauchemars qui le perturbent et également sur ses aptitudes hors norme qui vont finir par se déclarer.

Il en découle un récit pleinement captivant. A la faveur d’une montée en puissance non violente subtilement dosée, le scénariste dévoile peu à peu les tenants et les aboutissants de son équipée et ce grâce à des échanges constructifs entre les deux héros (et non point super-héros) et à l’intégration de plus en plus précise de ceux qui les épient (le Général Sawyer). Le tout s’entremêle intelligemment, subtilement via un final qui se veut très efficace.

Bertrand Marchal, grand fidèle à Rodolphe, qui nous a réellement subjugués dans ses séries antérieures (Memphis, Le village, les deux derniers cycles de Kenya…), reste fidèle à son univers graphique. Toutefois, l’on pressent qu’il a souhaité, grâce à cet album, cherché à innover au niveau de son style, en particulier au niveau du cadrage des gros plans et de la restitution de l’espace et des engins futuristes qui le traversent. Le reste demeure toujours de haut niveau, que ce soit dans la réalisation des arrière-plans ou dans l’animation des personnages (Charlène et John sont, dans leur gestuelle, leurs expressions, dans leur relation très concluants).

Un one-shot futuriste à la fois surprenant et addictif. Bravo Messieurs les artistes, on en redemande !

Par Phibes, le 18 avril 2021

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