HOMME DE L'ANNEE (L')
1917: Le Soldat Inconnu

Le 11 novembre 1920, devant la Nation toute entière, un soldat inconnu que l’on dira "déshérité de la mort" est installé dans une tombe sous l’arc de Triomphe de la place de l’Étoile à Paris. Il deviendra le symbole de tous les morts pour la France, tombés durant la Première Guerre Mondiale. Ce jour là, un officier se souvient… Le capitaine Joseph Sorbier se souvient de son passé de propriétaire d’une cacaoyère en Côte d’Ivoire, d’un ouvrier exploité nommé Boubacar qui va s’engager sous ses ordres dans l’armée coloniale. Il se souvient de ces combats en Afrique, puis en Europe… De l’hécatombe du Chemin des Dames, mais également d’une amitié qui va lentement se tisser entre deux hommes que tout oppose, tant par leur couleur de peau que par leur philosophie. Il se souvient de ce qu’aucun autre homme ne peut se souvenir… la véritable identité du soldat inconnu !

Par Matt, le 28 janvier 2013

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Notre avis sur HOMME DE L’ANNEE (L’) #1 – 1917: Le Soldat Inconnu

Après "Jour J", la série des "Sept" et autres "Casse du Siècle", "L’homme de l’année" est un nouveau concept proposé par les Editions Delcourt. Il symbolise la goutte d’eau qui fera déborder le vase selon certains alors que pour d’autres, il fera l’objet d’une prochaine acquisition les yeux fermés. Il est vrai que le problème récurrent dans ces séries réside souvent dans la qualité aléatoire des albums qui les constituent…

"L’homme de l’année" repose sur la volonté de parler à la fois de l’Histoire (avec un grand H !) à travers le récit de moments historiques marquants comme la mort de Jeanne d’Arc, l’Affaire Dreyfus ou présentement la Première Guerre Mondiale, mais également d’histoires au pluriel, celles d’anonymes qui n’entreront jamais dans les manuels scolaires et qui pourtant prendront une véritable dimension héroïque dans cette saga.

Pour ce premier tome, on retrouve à la manoeuvre scénaristique Fred Duval et Jean-Pierre Pécau qui frappent déjà ensemble depuis quelques temps avec la série "Jour J". Ils ont choisi d’évoquer ici la grande guerre, et plus particulièrement l’emploi par l’armée française d’importants contingents de soldats africains envoyés au front, bien souvent en première ligne.
Joseph est un colon blanc possédant une cacaoyère. Boubacar est un enfant de Côte d’Ivoire qui travaille durement au service de la famille de Joseph. "1917" narre le récit de ces deux hommes qu’ a priori tout oppose, mais qui vont entrer tous deux au service de l’armée coloniale et forger au fil des combats une amitié solide digne des plus grands frères d’armes.
Bien que parfois un poil "clichée", c’est à la naissance de cette amitié que le lecteur assiste au fil des combats que traversent les deux hommes sur les continents Africains et Européen. Tout au long des 64 pages qui composent l’ouvrage, on se laisse prendre à la fois par le rythme intense qui nous est imposé, mais également par une foule d’émotions provoquées entre autres par le racisme de certains officiers de l’Armée Française, par la dualité et la complicité qui s’établissent entre les deux protagonistes et par l’exactitude de faits historiques qui témoigne d’une documentation sérieuse des auteurs.

Mais "1917", c’est aussi et surtout l’explosion d’un dessinateur en la personne de Mr. Fab. Ce dernier propose ici après avoir travaillé sur les séries "Spyder" et "Jour J", ce qui est sans doute pour l’heure son travail le plus abouti.
Si les trois premières planches ne sont pas saisissantes, le trait se fait rapidement plus sûr, énergique, plus détaillé… et tout le talent de l’artiste éclate soudainement. En plus du traitement léché des diverses scènes de combats tant en Afrique qu’au tristement célèbre Chemin des Dames, le découpage fait mouche, et donne un rythme supplémentaire à un récit qui n’en manquait pourtant pas. Le lecteur pourra également se délecter du magnifique contraste entre la luminosité des couleurs choisies pour illustrer les passages africains du récit, et la grissaille qui règne sur une France plongée dans la grande guerre… Mr Fab prouve, s’il fallait encore le faire, qu’une symbiose parfaite entre la maîtrise du trait et des couleurs est la meilleure garantie pour instaurer une véritable ambiance dans laquelle le lecteur plonge avec plaisir et fascination.

Puisque magnifiquement orchestré, "1917" constitue donc le tome de lancement rêvé pour cette nouvelle série-concept, en attendant les prochaines parutions (au rythme d’un tome par trimestre) !

Par Matt, le 28 janvier 2013

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