Un hiver de glace

 
Ree Dolly est pour ainsi dire soutien de famille. C’est elle en effet qui s’occupe de subvenir aux besoins de ses deux petits frères et c’est elle qui a la charge de sa mère, une femme qui a perdu la raison depuis plusieurs années, depuis qu’elle a appris que son mari l’a trompée…

Le mari en question, Jessup, brille lui plutôt par son absence, au grand dam de sa débrouillarde de fille qui ne ménage pas ses efforts pour que tout aille pour le mieux. Vivant de l’élaboration et du trafic de cocaïne, Jessup a pourtant récemment été libéré de prison sous caution, mais il n’a pas remontré pour autant le bout de son nez chez lui.

Le fait est qu’il doit passer au tribunal dans quelques jours et que s’il ne s’y présente pas, ses biens vont être confisqués : sa pauvre maison, et quelques hectares de bois alentours… Or Ree a besoin de ce patrimoine pour vivre. Pour survivre… Elle va donc partir à la recherche de son père : va frapper aux portes de connaissances de son paternel, ou aux portes des membres d’une autre partie de la famille, avec qui les relations sont malheureusement terriblement tendues.

Soit elle le trouve et son père se présente au tribunal, soit il faudrait au moins pouvoir prouver qu’il est mort, ce qui justifierait son absence et pourrait alors changer les choses…
 

Par sylvestre, le 18 mars 2011

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Notre avis sur Un hiver de glace

 
Daniel Woodrell est un écrivain à succès dont plusieurs titres ont été adaptés au cinéma. Winter’s bone est l’un d’eux, et sa récente adaptation pour le grand écran a d’ailleurs été primée. En français, cette œuvre est intitulée Un hiver de glace, tout comme la bande dessinée objet de cette fiche qui en est également une adaptation.

Un peu comme un Stephen King qui plante les décors de tous ses livres dans l’état du Maine où il vit, Daniel Woodrell a situé Un hiver de glace dans les Orzaks, une chaîne de montagnes située à la frontière entre le Missouri et l’Arkansas ; région où il réside. Ce n’est pas vraiment l’Amérique "carte postale" que les tour-opérateurs proposent aux touristes, et la mentalité que l’auteur attribue à ses personnages tendrait presque à garantir aux habitants de ce coin qu’ils ont encore devant eux de belles années avant d’être dérangés par des hordes de vacanciers !

Les Dolly, les Milton, les Leroy et autres Dunahew nous sont en effet présentés comme formant un microcosme bien spécial que des querelles ont (en plus) aigri, éloigné, et monté les uns contre les autres. Ces tensions, ce "froid" qui s’est installé entre ces gens apparentés pèsent tout autant sur les ambiances de l’histoire, voire plus, que les températures glaciales ou les fortes pluies omniprésentes qui achèvent de faire la publicité des Orzaks et qui semblent bien avoir inspiré Romain Renard pour la colorisation de ses planches !

Romain Renard (American seasons, The end / Jim Morrison, également chez Casterman) intègre en effet la collection Rivages/Casterman/Noir avec ce titre qui fascine pour la quête à laquelle il invite ; une rude quête aux côtés de Ree, héroïne responsable et pour cela jeune femme en décalage avec tous ceux qui font et qui sont sa famille ; une lumière au cœur de ténèbres. De quoi déstabiliser le lecteur qui se prend d’affection pour elle et qui plonge donc avec elle dans un univers redoutable. Mettant de côté la couleur pour réaliser ses planches en bichromie, Romain Renard insiste ainsi de manière ostensible sur les côtés dramatique, effrayant, voire répugnant, des situations qu’il dessine.

Entre grandeur des paysages et petitesse des gens, le chemin de Ree, balisé d’embûches, la conduira vers un objectif qu’elle ne pourra atteindre qu’en faisant preuve d’encore plus de sang froid qu’elle n’aurait imaginé devoir montrer. Un hiver de glace est un récit noir et froid doublé d’un voyage peu banal et d’une stressante course contre la montre auxquels vous êtes invité(e) par les éditions Casterman…
 

Par Sylvestre, le 12 mars 2011

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